Le scénario d'une scission d'UBS fait l'objet de discussions quelques jours après l'annonce des pertes colossales de la première banque suisse qui se prépare à une assemblée générale agitée dans trois semaines.

Le scénario d'une scission d'UBS fait l'objet de discussions quelques jours après l'annonce des pertes colossales de la première banque suisse qui se prépare à une assemblée générale agitée dans trois semaines.

La banque, créée il y dix ans de la fusion de la Société de Banques Suisses et de l'Union de Banques Suisses, risque d'être forcée de se défaire d'une manière ou d'une autre de sa branche banque d'investissement.

Cette dernière a accumulé une perte de 37,4 G$ dans le marché hypothécaire américain.

L'ancien patron d'UBS, Luqman Arnold, qui dirige la société d'investissement britannique Olivant et détient à ce titre 0,7% du capital d'UBS, a publiquement proposé vendredi dernier de démanteler le groupe et de remercier au passage Peter Kurer, désigné cette semaine à la tête de la banque.

Dans un courrier adressé à la direction d'UBS, M. Arnold suggère de céder la branche de gestion d'actifs et d'autres activités, comme les opérations du groupe en Océanie et au Brésil, afin de renforcer les fonds propres qui lui semblent toujours fragiles malgré les recapitalisations lancées par la banque.

Il propose en outre de diviser en deux le reste du groupe, avec d'un côté la branche de gestion de fortune, dont UBS est le numéro un mondial et qui resterait une société suisse, et de l'autre côté la branche de banque d'investissement, qui deviendrait une société autonome de droit américain ou britannique.

Même si UBS est devenue par l'ampleur de ses pertes la banque du monde la plus touchée par la crise financière américaine, elle se refuse pour l'heure à envisager une scission.

«Nous restons sur notre stratégie intégrée», a répété une porte-parole du groupe.

«Aucun de nos coeurs de métier n'est à vendre. Je crois au modèle intégré», a déclaré jeudi Jürg Zeltner, un haut dirigeant de la banque, dans une interview à un quotidien autrichien.

La perspective d'une scission a été cependant saluée par la Bourse suisse, où le titre UBS a progressé de 3,27% à 33,46 francs suisses, sur un marché en hausse de 0,76%.

«Le marché se dit qu'il y aura une scission et que c'est une bonne chose pour le groupe», a observé l'analyste Madeleine Hoffmann, de la banque Julius Baer. «La valeur de la banque augmenterait car il y a à présent une décote du fait de la banque d'investissement».

Reste qu'un démembrement d'UBS serait oeuvre de longue haleine, souligne Andreas Venditti, de la Banque cantonale de Zurich, en se demandant «qui pourrait bien vouloir acheter actuellement une banque d'investissement».

Outre le périmètre, se pose la question de la direction du groupe. Attaqué pour sa responsabilité dans les déboires de la banque, le PDG Marcel Ospel doit céder ses fonctions au chef des services juridiques, Peter Kurer, lors d'une assemblée générale le 23 avril.

Mais selon M. Arnold, cette désignation qui «perpétue la gouvernance d'entreprise inefficace d'UBS et sa culture insulaire» ne permettrait pas «d'assurer une révision radicale et à une correction des erreurs qui ont conduit à la plus grande perte de l'histoire bancaire européenne».

M. Arnold propose qu'un «éminent banquier suisse au talent reconnu en matière stratégique, de gestion des risques et de communication prenne au plus vite la tête de la direction du groupe».

Mais certaines personnalités répondant au signalement, comme le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, auraient déjà repoussé une telle offre.

Luqman Arnold, un banquier d'origine indo-britannique, avait quitté la direction générale d'UBS en 2001 à la suite d'un conflit avec les autres responsables du groupe. Il s'est depuis illustré dans une tentative infructueuse de rachat de la banque britannique en difficulté Northern Rock, laquelle a finalement été nationalisée en février.