Une perte prévue de 1,5 milliard de dollars pour Manuvie (T.MFC). Des profits en baisse de 67% à la Banque Scotia (T.BNS).

Une perte prévue de 1,5 milliard de dollars pour Manuvie [[|ticker sym='T.MFC'|]]. Des profits en baisse de 67% à la Banque Scotia [[|ticker sym='T.BNS'|]].

La déroute des marchés mondiaux commence à faire très mal aux géants canadiens de la finance, comme en témoignent les mauvaises nouvelles qui ont secoué Bay Street hier.

La Scotia, troisième banque en importance au pays, a attribué le fort recul de son bénéfice net au quatrième trimestre à «la faillite de Lehman Brothers et à des ajustements d'évaluation rendus nécessaires par la volatilité inégalée des marchés financiers partout dans le monde». La banque a enregistré une charge exceptionnelle de 642 millions, qui a fait plonger ses profits des deux tiers, à 315 millions (28 cents par action).

Malgré cette débâcle, Rick Waugh, président et chef de la direction de la Scotia, rejette l'idée d'une aide du gouvernement fédéral aux banques canadiennes, à l'image du plan de sauvetage adopté aux États-Unis.

«Nous sommes confiants de n'avoir besoin d'aucune subvention ou injection de capital», a-t-il déclaré pendant une téléconférence avec des analystes.

La société Financière Manuvie, principal assureur canadien, a pour sa part prévenu les investisseurs de s'attendre à une nouveauté au quatrième trimestre: une perte. Il s'agira du premier résultat trimestriel négatif depuis l'entrée en Bourse du groupe en 1999.

La forte débandade des marchés boursiers depuis le début d'octobre a forcé Manuvie à enregistrer des provisions liées aux rentes à capital variable, a indiqué hier l'entreprise dans un communiqué. Ces charges atteindront environ 5 milliards au 31 décembre prochain... presque 10 fois plus que les 526 millions du début de l'exercice!

La façon de faire de Manuvie est «conservatrice», a reconnu Dominic D'Alessandro, président et chef de la direction. Mais elle pourrait profiter à l'entreprise lorsque la situation mondiale redeviendra favorable. «Si les marchés se redressent, comme on peut s'y attendre, ces provisions seront portées aux résultats», a-t-il affirmé.

Manuvie procédera à une émission massive d'actions -2,13 milliards- pour renforcer sa situation financière, ce qui portera son capital à l'un des niveaux les plus élevés de son histoire. Le prix a été fixé à 19,40$ le titre, légèrement moins que la valeur de clôture d'hier à la Bourse de Toronto (19,89$, en baisse de 2,8%).

Cette émission, combinée à la perte anticipée de 1,5 milliard, a amené l'analyste Andrew Kligerman, de la firme UBS, à réduire fortement le cours cible de l'action de Manuvie. Il l'a fait passer de 26$ à 20$.

L'assureur s'attend à dégager un bénéfice net d'environ 900 millions pour l'ensemble de l'exercice «si les marchés boursiers mondiaux terminaient à leur niveau de la fin du mois de novembre», a déclaré M. D'Alessandro.

La ronde des banques

La Banque Scotia, deuxième institution d'importance à dévoiler ses résultats de quatrième trimestre, a lancé le bal d'une semaine qui s'annonce pénible pour les géantes de Bay Street.

La Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]], la Banque Royale [[|ticker sym='T.RY'|]], la Banque TD [[|ticker sym='T.TD'|]] et la CIBC [[|ticker sym='T.CM'|]] dévoileront leurs résultats demain et vendredi. Toutes, sauf la CIBC, ont déjà averti les marchés de s'attendre à d'importantes charges -comme l'avait fait la Scotia il y a deux semaines.

Le grand patron de la Scotia s'est dit "déçu" d'avoir à enregistrer une charge spéciale de 642 millions. Il a cependant fait valoir que sa banque s'en tire bien par rapport à ses concurrentes canadiennes et internationales.

Le bénéfice net a reculé de 22% pour l'ensemble de l'exercice financier, à 3,05 milliards, un creux de quatre ans.

Rick Waugh s'attend à une croissance des profits de 7 à 12% l'an prochain. Le titre de la Scotia a clôturé à 32,38$ hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 7% (2,47$).