Pendant que la communauté shawiniganaise se relevait péniblement de l'assaut de la veille, le titre d'AbitibiBowater recevait une exceptionnelle attention des investisseurs, hier, à la Bourse de Toronto. L'action a clôturé la journée à 22,05 $, un bond de 17,6 % par rapport à la fermeture des marchés, jeudi.

Pendant que la communauté shawiniganaise se relevait péniblement de l'assaut de la veille, le titre d'AbitibiBowater recevait une exceptionnelle attention des investisseurs, hier, à la Bourse de Toronto. L'action a clôturé la journée à 22,05 $, un bond de 17,6 % par rapport à la fermeture des marchés, jeudi.

Sur le plancher new-yorkais, la hausse du titre a même frôlé les 20 %!

Les investisseurs ont donc accueilli dans l'allégresse le plan d'action annoncé par la multinationale, qui inclut l'arrêt des activités à la papeterie Belgo le 29 février 2008. Une autre planète par rapport à la tristesse et à la désolation qui règnent à Shawinigan depuis deux jours.

"C'est toujours pareil dans ces contextes", reconnaît Pierre Lacroix, analyste des produits forestiers pour Valeurs mobilières Desjardins. "Le fait qu'on annonce des fermetures, que des emplois soient impliqués et que des régions soient touchées, ça devient une nouvelle très négative pour la communauté. Pour l'investisseur, c'est le contraire."

Michel Matteau, directeur de la Financière Banque Nationale à Shawinigan, rappelle que le 31 octobre, le nouveau titre d'AbitibiBowater s'échangeait à 32,17 $. Il a piqué du nez jusqu'au 22 novembre, atteignant alors 14,37 $. Depuis une semaine, le titre reprenait lentement du tonus, mais l'annonce de jeudi l'a littéralement dopé.

M. Lacroix explique sans peine cette envolée. Les actionnaires, malmenés depuis plusieurs mois, ont enfin pris connaissance d'un plan concret et significatif pour que la multinationale sorte de son bourbier.

"La demande de papier journal est en baisse de 10 % jusqu'à maintenant cette année", note-t-il. "Il n'y a qu'une solution dans un cas comme celui-là et c'est de diminuer l'offre."

L'analyste convient que l'industrie papetière se serre la ceinture depuis 2001. Malgré tout, la demande baisse toujours d'année en année, mais la situation vécue en 2007 tournait à la catastrophe.

"Cette année, personne n'a beaucoup bougé au cours des huit premiers mois", fait remarquer M. Lacroix. "Pendant ce temps, le dollar canadien n'arrêtait pas de monter et le prix du papier descendait. La compagnie se retrouvait dans une situation financière lamentable. Si rien n'était fait, les problèmes devenaient très sérieux."

D'autres mesures musclées sont attendues en 2008 et les investisseurs en tiennent compte, remarque M. Matteau.

"Au cours des dernières années, les gens n'investissaient pas beaucoup dans ce domaine", observe-t-il. "Étant donné qu'une deuxième phase a déjà été annoncée, les marchés anticipent d'autres fermetures d'usine."

AbitibiBowater avait annoncé la révision de son portefeuille au début novembre. Ses conclusions, fort attendues, ont rassasié les investisseurs.

"Je dirais que les mesures annoncées ont dépassé les attentes de tout le monde", convient M. Lacroix. "On peut dire que les décisions qui ont été prises reflètent que la compagnie prend la situation en main et adopte les mesures pour ramener les profits."

Depuis quelques mois, avec notamment la crise du crédit aux États-Unis, les investisseurs modèrent leurs ardeurs et se réfugient davantage vers les obligations gouvernementales.

Dans ce contexte, M. Lacroix ne va pas jusqu'à formuler une recommandation d'achat pour le titre d'AbitibiBowater. Il suggère simplement de le conserver et il fixe son prix cible à 21 $ pour le moment. La plupart des analystes ont augmenté leurs prévisions à la suite de la fameuse annonce.

"Le bateau a tourné dans la bonne direction, mais ça va prendre encore quelque temps avant qu'on voit un peu plus de ciel bleu", image M. Lacroix.

guy.veillette@lenouvelliste.qc.ca