Quelque 200 travailleurs de la papeterie AbitibiBowater de Donnacona perdront temporairement leur emploi à la suite de l'annonce, jeudi, de la fermeture de l'usine pour une durée indéterminée.

Quelque 200 travailleurs de la papeterie AbitibiBowater de Donnacona perdront temporairement leur emploi à la suite de l'annonce, jeudi, de la fermeture de l'usine pour une durée indéterminée.

Un mélange de consternation et de résignation se lisait sur le visage des employés à la fin du quart de travail de 15h, hier. "Il n'y a absolument plus d'ambiance à l'intérieur de l'usine, on ne sait pas où on s'en va et même si on essaie de garder confiance, il est difficile de croire que les choses se rétabliront", rapporte Michael Beaulieu, un travailleur de la papeterie.

"Il y a six ans, le gouvernement provincial a investi 36 millions $ ici et voilà le résultat, lance Claude Frenette, employé à l'usine de Donnacona depuis 34 ans. À trois ans de ma retraite, sans instruction, voilà que j'apprends, jeudi soir, assis devant mon téléviseur, le triste sort qui me sera possiblement réservé."

Selon le directeur des affaires publiques et des communications pour le Québec d'AbitibiBowater, Pierre Choquette, "la décision de fermer temporairement l'usine de Donnacona découle d'un examen stratégique de 30 jours sur les priorités d'affaires amorcé par l'équipe de direction d'AbitibiBowater à la suite de la finalisation, le 29 octobre, du processus de regroupement des sociétés Abitibi-Consolidated et Bowater."

Tant pour la papeterie de Donnacona que pour 37 autres installations situées au Québec, qu'il s'agisse d'usines ou de scieries, l'objectif est de trouver, d'ici les six prochains mois, des solutions à la crise qui affecte l'entreprise. Toujours selon M. Choquette, tous les scénarios sont présentement envisagés et ce n'est qu'au terme de l'exercice que l'on sera fixé sur le sort de chacune.

Des travailleurs en attente

À Donnacona, les activités se poursuivront jusqu'au 31 janvier, "le temps de finaliser certains contrats avant l'arrêt de la production et de rencontrer les travailleurs pour discuter de la suite des choses", précise le porte-parole d'AbitibiBowater, qui assure que la démarche s'effectuera dans le respect des conventions collectives qui ont été signées.

De son côté, le maire de la ville, André Marcoux demeure positif quant à la réouverture de l'usine. "Déjà, jeudi soir, le conseil municipal se réunissait pour tenter d'identifier des pistes de solutions, de voir ce qui pouvait être possible de faire à son niveau. On conserve l'espoir que la production reprenne en mai ou juin."

La papeterie de Donnacona produit annuellement 230 000 tonnes métriques de papier d'impression commerciale destiné presque exclusivement au marché nord-américain et sa masse salariale avoisine les 20 millions $. Le taux horaire des employés de l'usine varie entre 23 $ et 38 $.

Une situation difficile

Conscient de l'impact des décisions prises sur les travailleurs et les collectivités touchés, Pierre Choquette rappelle que "c'est ici que le prix de la fibre est le plus élevé dans le monde et que chaque hausse d'un cent du dollar canadien coûte 33 millions à AbitibiBowater sur une base annuelle." Une situation qui, selon lui, était devenue intenable pour l'entreprise dans un contexte où l'accent devait être mis sur la réduction de la dette de la nouvelle société.

En attendant, d'autres travailleurs que ceux de Donnacona sont aussi affectés par la décision d'AbitibiBowater puisque l'usine Belgo de Shawinigan devra définitivement fermer ses portes et que la machine à papier numéro trois de Gatineau cessera prochainement de fonctionner. Au total, quelque 1 000 familles du Québec seront directement touchées par les fermetures temporaires ou permanentes des papeteries.