Semafo est une entreprise assez peu connue. Pourtant, c'est la plus grande société aurifère à propriété québécoise.

Semafo est une entreprise assez peu connue. Pourtant, c'est la plus grande société aurifère à propriété québécoise.

Elle produira environ 175 000 onces d'or cette année et 240 000 onces l'an prochain.

Non seulement cette société montréalaise exploite trois mines en Afrique de l'Ouest, mais son gisement du Burkina Faso - un corridor minéralisé de 90 km de long! - lui permettrait d'en ajouter deux ou trois autres d'ici 10 ans.

Une aventure étonnante

Semafo, c'est aussi l'aventure étonnante du comptable Benoit La Salle, qui a trouvé un trésor alors qu'il était en mission humanitaire en Afrique.

L'histoire commence en 1993, quand il se joint au conseil d'administration de Plan international.

Cette ONG, présente dans 60 pays en développement, vient en aide aux femmes et aux enfants.

«Plan m'a demandé de les accompagner en Afrique de l'Ouest à titre de porte-parole, se rappelle M. La Salle. Ça m'a permis de rencontrer les présidents des pays, les premiers ministres et les fonctionnaires.»

Une relation s'est développée avec les dirigeants.

«Ils m'ont dit: vous devriez revenir, ajoute le président de Semafo. Les Québécois parlent français et ce sont des gens de mines. Vous pourriez nous aider à mettre en valeur le secteur minier.»

À l'époque, en raison de l'instabilité politique dans la région les grandes sociétés minières préféraient s'installer sur d'autres territoires.

Entre-temps, M. La Salle passe à autre chose jusqu'au moment où il en parle à un géologue. Ils retournent, ensemble, en Afrique deux ans plus tard.

«On a obtenu les autorisations et on a monté un portefeuille de permis d'exploration», explique le président.

Cette année, la mine de Samira Hill, au Niger, produira environ 70 000 onces d'or. Celle de Kiniero, en Guinée, 40 000 onces.

La mine Mana

Cela dit, la mine Mana, au Burkina Faso, est celle qui retient le plus l'attention.

On a terminé sa construction en février dernier et elle est en production depuis le 1er avril.

«Elle a produit 4300 onces en avril et 5000 onces en mai, dit M. La Salle. On monte en puissance. Début septembre, elle devrait atteindre de 10 000 à 12 000 onces par mois.»

À elle seule, cette mine devrait produire entre 125 000 et 140 000 onces d'or, estime Benoit La Salle.

Sur ce territoire, Semafo a découvert un corridor minéralisé d'une longueur équivalente à la distance entre Cadillac et Val-d'Or, en Abitibi (90 km), et large d'un demi kilomètre.

Les forages effectués sur les premiers kilomètres indiquent une teneur de 2,5 à 6 grammes la tonne. «C'est une très bonne teneur», dit le président.

Sur ce long corridor, Semafo entrevoit le potentiel de faire d'autres mines de type Mana. «Notre objectif est d'en trouver deux ou trois supplémentaires d'ici dix ans», avance-t-il.

Toute cette activité n'empêche pas Benoit La Salle et son équipe de continuer la mission humanitaire qui l'a amené en Afrique il y a 15 ans.

«On veut faire une différence pour les peuples africains, dit-il. On veut s'assurer que nos employés, et que les habitants des villages avoisinants, participent à la création de la richesse collective.»

Semafo le fait grâce à des programmes d'alphabétisation (écoles, professeurs, matériel scolaire), à la construction de maisons, d'églises et de mosquées et à l'amélioration des conditions sanitaires (eau, toilettes, etc.)

Elle a aussi construit des installations médicales à chacune des mines. Au total, ces trois hôpitaux reçoivent 24 000 patients par année.

Pour étendre ses actions à l'ensemble des pays, l'entreprise souhaite créer la Fondation Semafo. Le conseil d'administration sera appelé à se prononcer sur cette initiative cet été.

L'ENTREPRISE

Société minière québécoise ayant des activités de production et d'exploration en Afrique occidentale. Elle exploite trois mines d'or au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. Semafo emploie 1800 personnes. Son titre est inscrit à la Bourse de Toronto sous le symbole SMF.

DÉFIS

Opérationnel, géologique et ressources humaines.

STRATÉGIES

Aider les équipes de logistique et d'achats à améliorer le temps de livraison des matières premières et des pièces de rechange; appuyer les équipes géologiques pour trouver les cibles et comprendre les corridors minéralisés; faire connaître Semafo aux spécialistes québécois qui veulent vivre l'expérience de l'Afrique.

À RETENIR

«Les gouvernements africains détiennent des participations dans les mines de Semafo. Au Niger, le gouvernement a 20% et une royauté de 5,5% sur nos exportations d'or. En Guinée, 15% et une royauté de 5%. Au Burkina, c'est 10% et une royauté de 3%. Chaque pays a une fiscalité différente, ce qui fait en sorte que ça revient au même.»

«Le coût historique pour faire Kiniero, c'est 20 millions. Pour faire Samira, c'est 34 millions. Pour faire Mana, c'est 92 millions. Leurs coûts de remplacement, c'est 100, 200 et 250 millions. Les coûts ont augmenté à cause de la Chine. Les prix de l'acier et du ciment ont été multipliés par 10. Les prochaines mines sur Mana vont coûter 250 millions chacune. C'est pour ça que ça prend de gros projets.»

«Semafo vaut 330 millions de dollars en Bourse. Réellement, ça vaut deux fois plus que ça aujourd'hui. Tout d'abord, peu de monde connaît Semafo. Ensuite, on a eu deux accidents de parcours, deux problèmes de production à une mine en 2006 et en 2007.»

«On a une politique de ne pas se couvrir, même si le prix de l'or est à 900$US l'once. En plus, je pense que c'est le début d'une poussée. À mon avis, l'or va gagner d'une façon moyenne entre 100 et 150$US par année pour les cinq prochaines années. Ça pourrait se faire en raison du déficit américain et des problèmes économiques et immobiliers aux États-Unis. Il y a une perte de confiance dans le dollar américain et l'or joue un rôle de valeur refuge.»

Source : Benoit La Salle, président de Semafo