Les résultats de fin d'exercice des banques canadiennes sont sous surveillance après que la Royale (T.RY) soit devenue hier la troisième à divulguer d'avance d'autres pertes liées à la crise financière et le début de récession.

Les résultats de fin d'exercice des banques canadiennes sont sous surveillance après que la Royale [[|ticker sym='T.RY'|]] soit devenue hier la troisième à divulguer d'avance d'autres pertes liées à la crise financière et le début de récession.

Aussi, des banques manoeuvrent afin de renflouer leur capital de base, entaché par des centaines de millions de dollars en pertes spéciales depuis quelques trimestres.

En fin de journée hier, la Banque Toronto-Dominion (TD) a confirmé une émission spéciale d'actions de 1,2 milliard auprès d'un groupe d'investisseurs institutionnels.

Par ailleurs, la Banque de Montréal sera première sur scène aujourd'hui avec ses résultats de fin d'exercice 2008.

Les analystes bancaires anticipent un bénéfice réduit d'au moins 19% par rapport au quatrième trimestre de 2007.

Il s'agira de la part du groupe BMO des premiers résultats complets d'une grande banque, à la différence des résultats partiels annoncés ces derniers jours par les banques Scotia, TD et Royale (RBC).

Ensemble, ces trois banques ont divulgué des pertes spéciales qui totalisent 1,9 milliard (avant impôt), dont 670 millions pour la seule Banque Royale, hier.

Ces ponctions prévues au bénéfice du quatrième trimestre sont imputables à la dépréciation d'actifs financiers provoquée par la crise financière, ainsi qu'une hausse des provisions pour mauvais prêts pour parer à la récession.

À la Banque Royale, ces frais spéciaux auraient atteint 1,2 milliard s'il n'eut été de gains spéciaux provenant du rebond de certains titres financiers négociés.

Aussi, la Royale a décidé d'utiliser une réserve de 540 millions qu'elle avait mise de côté afin de contrer des poursuites liées à la faillite frauduleuse d'Enron, un ex-géant de l'énergie aux États-Unis.

N'empêche, la Banque Royale s'attend à une baisse d'au moins 15% de son bénéfice net au quatrième trimestre 2008. Il sera annoncé avec ses résultats complets, le 5 décembre prochain.

Ce bénéfice trimestriel devrait s'avérer à hauteur d'environ 1,1 milliard, contre 1,3 milliard pour la même période l'an dernier.

Soulagement en Bourse

En Bourse, les investisseurs en actions de banques ont accueilli l'annonce devancée de la Royale avec un certain soulagement.

En fait, ils s'attendaient à pire après les mauvais résultats préliminaires annoncés la semaine dernière par les banques Scotia et TD.

Aussi, juste auparavant, le Mouvement Desjardins, leur principal concurrent au Québec, avait annoncé une rechute de 40% de son bénéfice net à son plus récent trimestre.

À la Banque Royale, pour le moment, l'impact de la crise financière demeure «relativement limité», selon Michael Goldberg, analyste bancaire chez Valeurs mobilières Desjardins à Toronto.

Mais pour l'agence de notation Moody's, les pertes spéciales annoncées par la Royale valent une «perspective négative» sur sa cote, qui demeure avantageuse grâce à l'ampleur et la diversité de ses activités au Canada.

À la Bourse de Toronto, les investisseurs ont poussé hier les actions de la Royale en rebond de 7% à 39$. C'est mieux que le creux de 52 semaines de 33,39$ par action atteint vendredi dernier, au terme d'une autre semaine de frousses bancaires.

Néanmoins, la valeur boursière de la Royale demeure en retrait de 29% par rapport au sommet (52 semaines) de 54,50$ l'action, qui remonte à la fin de novembre 2007.

Retrait

Par ailleurs, symbole de l'inquiétude des investisseurs envers les résultats des grandes entreprises financières, le sous-indice des services financiers à la Bourse de Toronto s'affiche en retrait de 42% depuis le début de l'année.

Les investisseurs craignent que certaines banques décident de modifier leurs dividendes - gel ou même baisse? - afin de préserver une partie de leur flux financier.

D'ailleurs, pour tenter de dissiper cette crainte, le chef de la direction de la Banque TD, Edmund Clark, a dû se faire rassurant hier dans la presse financière torontoise.

C'était quelques jours après que la Banque TD eut devancé l'annonce d'une perte spéciale de courtage financier de 350 millions (avant impôt) pour sa fin d'exercice 2008.

Cette annonce, vendredi dernier, avait provoqué la pire chute journalière des actions de la TD en un quart de siècle.

Mais ça n'a pas dissuadé la banque de conclure hier une émission spéciale de 30,4 millions d'actions, ce qui équivaut à 3,5% des actions de la TD déjà en circulation.

Deux mois et demi de crise financière américaine7 septembre

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La Fed et l'État nationalisent de facto l'assureur AIG, menacé de faillite, en lui apportant une aide de 85 milliards US en échange de 79,9% de son capital.

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21 NOVEMBRE

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23 NOVEMBRE

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Agence France-Presse

LA ROYALE EN CHIFFRES-15% baisse de bénéfice anticipée de la Banque Royale au 4e trimestre

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-42% perte de valeur depuis le début de 2008 du sous-indice des services financiers à la Bourse de Toronto