Selon une étude, les Canadiens prévoient étaler sur quatre, cinq ans leur transition vers la retraite complète. Et beaucoup comptent profiter de ce dernier tour de piste pour aller voir ailleurs. Les employeurs qui voudront les retenir devront faire preuve de flexibilité.

Selon une étude, les Canadiens prévoient étaler sur quatre, cinq ans leur transition vers la retraite complète. Et beaucoup comptent profiter de ce dernier tour de piste pour aller voir ailleurs. Les employeurs qui voudront les retenir devront faire preuve de flexibilité.

Gisèle Mongeau, 65 ans, aurait pu prendre sa retraite il y a des années. Mais depuis qu'elle travaille à temps partiel, rien ne presse, estime cette correctrice d'épreuves adjointe chez Deloitte.

«Je n'aurais pas pu continuer à temps plein, mais depuis quatre ans, j'ai le meilleur des deux mondes: un emploi qui structure ma semaine et du temps pour faire mon job de grand-mère!»

Selon une récente étude menée par la firme Towers Perrin, les Canadiens prévoient quitter leur emploi principal vers 59,4 ans et se retirer complètement du marché du travail à 63,9 ans.

Pendant cette transition, 30% des personnes sondées ont affirmé qu'elles pensaient travailler à temps partiel dans un autre domaine d'activité, au service d'un autre employeur. Cette réponse, la plus fréquente, n'a pas de quoi réjouir les employeurs aux prises avec une pénurie de personnel.

Il faut préciser que, au moment où le sondage a été mené, la loi obligeait les employés à quitter leur employeur pour recevoir une rente. Le 2 avril dernier, le ministre du Travail, Sam Hamad, a présenté un projet de loi visant à modifier cet état de chose au Québec, comme cela a été fait dans le reste du Canada.

Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à TELUQ, mène actuellement une enquête auprès des membres de la FADOQ. L'objectif est de mieux connaître leurs expériences et leurs aspirations en matière de travail et de retraite.

L'hypothèse globale de la recherche est la suivante: si les employeurs veulent retenir leurs travailleurs âgés pour remédier à la pénurie de main-d'oeuvre, ils devront offrir plus de flexibilité, explique la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l'économie du savoir.

Selon Mme Tremblay, contrairement à une idée reçue, la plupart des emplois se prêtent aux modes de gestion flexibles comme le temps partiel.

«En fait, ici comme ailleurs, on voit des cas de postes partagés dans des emplois où c'était jugé impensable. Des gestionnaires de comptes, par exemple.»

«Ça se gère. C'est une simple question de volonté», ajoute la professeure. L'enjeu? Maintenir en poste un personnel âgé qui ne souhaite pas rompre trop brusquement avec le marché du travail.

«On a découvert que ces gens ne restaient pas juste pour l'argent, mais aussi pour le plaisir d'entretenir des liens sociaux.»

Il faut noter que la retraite progressive ne passe pas que par le temps partiel, souligne Jean-Rémi Mayrand, sociétaire de Towers Perrin.

«Le travail à domicile est peut-être une possibilité qui pourrait être mieux exploitée par les entreprises.»

Acheter des jours de vacances

Parmi les meilleures pratiques existantes, l'étude de Towers Perrin mentionne la possibilité, pour l'employé, d'acheter un nombre appréciable de jours de vacances.

À l'échelle mondiale, 25% des employés sondés ont en effet affirmé qu'ils aimeraient prendre un congé sabbatique.

Une mesure peu coûteuse pourrait consister à assouplir l'horaire de travail.

«Par exemple, un employé pourrait vouloir commencer sa journée plus tard, après sa petite ronde de golf matinale», illustre Jean-Rémi Mayrand.

En fait, tout dépend de l'entreprise, ajoute-t-il. Les programmes de ressources humaines exigent du sur-mesure. L'employeur doit évaluer les revenus qu'il peut tirer du maintien en emploi des employés âgés, et faire des choix en conséquence.

D'ailleurs, est-il possible de réserver des avantages au groupe des aînés, sans frustrer les autres?

«Il faut opérer un changement culturel profond, reconnaît M. Mayrand. Tous doivent comprendre que les employés âgés ont contribué longtemps et qu'on a besoin d'eux pour réaliser notre stratégie d'affaires.»

Chez Deloitte, la question ne se pose pas car, si ses tâches le permettent, tout employé peut demander à travailler à temps partiel, dans la mesure du raisonnable.

Si Gisèle Mongeau a été l'une des premières de son groupe à l'essayer, bien des jeunes mères ont suivi son exemple.

Le mot retraite - au sens de retrait définitif du marché du travail - ne devrait même pas exister, estime Gisèle Mongeau.

«Après une pause, la plupart des gens veulent se trouver une occupation, dit-elle. Ça permet de rester jeune!»