Ponctuant un témoignage décousu en représentation sur sentence à son procès pénal, Vincent Lacroix a offert «9200 excuses» aux investisseurs qui ont perdu 130 M$ en retraits irrégulier et rendement dans le scandale Norbourg.

Ponctuant un témoignage décousu en représentation sur sentence à son procès pénal, Vincent Lacroix a offert «9200 excuses» aux investisseurs qui ont perdu 130 M$ en retraits irrégulier et rendement dans le scandale Norbourg.

«Malgré tout ce qui a été dit, ajoute M. Lacroix d'une voix faible devant la Cour du Québec, j'ai beaucoup de sensibilités» par rapport à ce qui s'est passé.

M. Lacroix offre ses excuses aux employés et aux représentants ayant oeuvré chez Norbourg. Il dit que les ponctions de 115 M$ faites dans l'épargne des investisseurs ne l'ont pas été avec le but de s'enrichir personnellement.

Il maintient la thèse selon laquelle sa «gestion de rattrapage» a transformé un trou comptable de 300 000 $ en 2000 à des investissements et des dépenses de 115 M$ en 2005.

«Il y a une question de compétence, il y a une question de maturité» dans tout cela», a dit Vincent Lacroix, devant le juge Claude Leblond qui l'écoutait avec curiosité. «Nous avons perdu la tête et il y avait des problèmes de boisson pour plusieurs personnes chez Norbourg, incluant moi-même.»

Selon lui, seul le sort de 2 M$ versés à l'avocat Robert Hindle pour des placements de couverture n'a pu être élucidé pendant le procès. M. Lacroix nie donc avoir déposé une telle somme dans une fiducie familiale aux Bahamas.

Invoquant les menaces de mort faites à son égard ces dernières années et sa crédibilité anéantie, il dit ne pouvoir rien faire d'autre que soutenir le travail de ceux qui veulent faire le ménage dans le scandale Norbourg.

Après ces excuses, le procureur de l'AMF, Eric Downs, s'est levé pour affirmer qu'il n'avait aucunement l'intention de contre-interroger Vincent Lacroix.

«Nous estimons inutile un contre-interrogatoire qui porterait sur sa crédibilité. Il n'en a aucune», a lâché l'avocat.

Me Downs préfère plaider cet après-midi pour demander la sentence «exemplaire» dont il a parlé après le verdict de culpabilité prononcé mardi par Claude Leblond. M. Lacroix n'entend pas faire le même exercice. Il ne restera au magistrat qu'à décider la date où il livrera la sentence.

La fin de témoignage était plutôt désorganisée plus tôt en avant-midi. Vincent Lacroix a voulu déposer des articles de journaux minimisant la complexité du stratagème de Norbourg, du moins en comparaison avec celui de Norshield.

Eric Downs s'est souvent levé pour questionner l'utilité des documents en cour, rappelant que le défendeur s'éloignait souvent de la preuve faite lors du procès. Par exemple, l'avocat semblait préférer ne pas trop débattre de la falsification de documents par Eric Asselin en ce qui a trait à des taxes apparemment non payées par Norbourg.

Vincent Lacroix a voulu faire preuve de bonne foi en disant qu'il voulait réparer les pots cassés mais qu'on lui avait interdit l'accès à la documentation chez Norbourg. Il a d'ailleurs déposé en cour un courrier électronique qui a circulé pour donner le mot d'ordre à l'interne qu'aucune information ne devait être envoyée vers l'extérieur.

«J'ai en tout temps collaboré avec l'enquête de la GRC» sur Norbourg, avec le syndic de faillite RSM Richter et avec le liquidateur Ernst & Young dans le dossier, a-t-il juré.

Afin de démontrer l'ampleur de sa collaboration, il a même évoqué la possibilité de déposer l'interrogatoire effectué par RSM Richter, qui représente des milliers de pages, à titre de preuve. L'idée n'a pas plu à Eric Downs et ne semblait pas convaincre le juge.

D'ailleurs, le juge Leblond lui a rappelé qu'en posant un tel geste, Vincent Lacroix pouvait sacrifier la protection judiciaire normalement rattachée à un document de ce type. Rappelons que pendant le procès, l'interrogatoire ne pouvait être utilisé pour éviter une incrimination par l'accusé lui-même car il était effectué sous la contrainte.

Le PDG déchu en a aussi remis sur le compte d'Éric Asselin, disant que c'était lui qui falsifiait tant de documents chez Norbourg et les conservait dans son bureau jusqu'à l'été 2005. Et que c'est lui qui a flambé quelques 6000 $ le 19 janvier 2005 pour payer la tournée à des employés de l'Autorité des marchés financiers.

Le juge Leblond a toutefois rappelé que ces histoires n'avaient à peu près rien à voir avec les infractions pour lesquelles Vincent Lacroix a été déclaré coupable mardi.