Le géant de l'aéronautique Bombardier ne garantit pas que l'assemblage final des avions CSeries sera fait à Mirabel. La compagnie jette maintenant l'oeil sur des sites américains en raison de la force du dollar canadien.

Le géant de l'aéronautique Bombardier ne garantit pas que l'assemblage final des avions CSeries sera fait à Mirabel. La compagnie jette maintenant l'oeil sur des sites américains en raison de la force du dollar canadien.

Voici les faits saillants de l'appel-conférence qui s'est déroulé avec Pierre Beaudoin, grand patron de Bombardier Aéronautique et Gary Scott, chef du programme CSeries, vendredi matin.

Quelques faits pour débuter

- La CSeries représente maintenant un investissement de 2,5 G$ (2,1 G$ en 2005) en recherche et développement et de 700 M$ en coûts de construction et d'équipement;

- Bombardier espère payer un tiers de l'investissement et que les fournisseurs et gouvernements s'occupent des deux autres tiers;

- Bombardier a 145 M$ déjà dépensé sur le programme CSeries;

- La compagnie veut prendre la moitié du marché de 5900 avions de 110 à 130 places;

- Si la demande est forte, l'entreprise pourra produire jusqu'à 230 avions par année;

- Prix catalogue: l'avion coûtera plus de 40 M$ selon le modèle choisi;

- De 2000 à 2500 emplois sont liés à la CSeries.

Pierre Beaudoin sur le choix d'un site

«Il y a deux ans, Mirabel était notre choix pour l'assemblage, St-Laurent pour le cockpit et Belfast pour les ailes. Ce sont toujours nos sites privilégiés mais les négociations se poursuivent et étant donné la force du dollar canadien et de la livre anglaise, nous évaluons maintenant des sites américains.»

«On examine la meilleure façon pour protéger notre plan d'affaires, dans lequel les revenus sont en dollar américains. Il faut s'assurer d'être concurrentiel dans un contexte où le dollar américain est faible. Il y a eu une progression de 40% du dollar canadien, ce qui est un défi pour n'importe quel manufacturier au Canada.»

Pierre Beaudoin sur la contribution des gouverneements

«Ça fait un bout de temps que nous tenons des discussions avec divers gouvernements sur le montant de 2,5 G$. «Ils vont évaluer leurs investissements relativement au travail qui est fait dans leurs pays.»

«Le gouvernement du Québec voit l'offre de la CSeries comme une très bonne nouvelle pour notre industrie. Nous voulons trouver une solution pour rendre les sites du Canada très concurrentiels.»

«Les investissements faits auparavants étaient repayables. Si l'on regarde les programmes dans lesquels ils ont investi avec Bombardier et qui sont déjà terminés, nous leur avons redonné 131% de leurs sommes initiales. Nous faisons une bonne proposition économique et ils la considéreront de cette façon.»

Pierre Beaudoin sur les sacrifices auparavant faits par les travailleurs

«Il faut considérer que Bombardier a 12 000 employés dans la région de Montréal. Il y a deux ans, lorsque nous avons parlé des ajustements, le contexte économique était difficile et Bombardier devait se remettre en question [...] nos employés ont fait ce qu'ils devaient faire.»

«Aujourd'hui, nous n'avons plus d'employés sur nos listes de rappel. Nous avons le plus gros carnet de commandes connu par Bombardier Aéronautique. Les employés ont contribué à remettre Bombardier en route.»

Gary Scott sur le marché des transporteurs aériens

«Le marché est en meilleur état qu'il y a trois ans. Plusieurs transporteurs étaient en faillite et ça compliquait les choses. Il y avait beaucoup d'intérêt pour la technologie qui s'en venait. Nous avions besoin d'examiner tous ces facteurs et les planètes sont mieux alignées qu'avant.»

«Nous avons parlé à beaucoup de clients. Le point d'une offre publique pour les avions est d'obtenir des propositions fermes. Nous sommes maintenant capables de faire avancer ces discussions.»

«Nous pourrions procéder au lancement sans avoir NorthWest comme client. Nos discussions avec eux se poursuivent. Ils ont toujours plus de 100 avions à remplacer et ils ont des plans de croissance. Delta a aussi des avions à remplacer ces prochaines années et la CSeries serait une candidate de choix. Même s'ils fusionnent, c'est une belle occasion.»

Pierre Beaudoin sur les décisions à long terme

«Si nous faisons ce lancement, nous allons fabriquer l'avion pendant 20 ans. Il fallait peaufiner notre plan d'affaires ces deux dernières années et l'offre aux transporteurs est une bonne décision.»

Gary Scott sur la concurrence de Boeing et Airbus

«La plupart des acteurs l'industrie s'attendnt à ce qu'ils fassent des avions de plus en plus gros. Notre stratégie est de fournir une famille d'avions qui se situe juste sous la capacité offerte par Boeing et Airbus aujourd'hui.»

Gary Scott sur la concurrence russe et brésilienne

«Ils développent tous des appareils régionaux avec moins de 100 places et peut-être un peu au-dessus. Je les vois poursuivre cette stratégie pour un certain temps et ça prendre plusieurs années avant qu'ils ne récupèrent leurs investissements. Le moment est donc bien choisi pour nous car nous sommes seuls à offrir une solution optimisée dans ce segment de marché.»

Gary Scott sur le lancement formel de la CSeries

«Nous devons lancer ce programme cette année pour soutenir l'année d'entrée en service de 2013. Nous ne pouvons prédire quand les commandes arriveront, mais il faudra ce que ce soit cette année.»