Dans le stationnement de l'usine de Crocs mardi, des employés discutaient de la fermeture et de leur avenir avant de rentrer au boulot. Parmi eux, Christian Bouchard, qui n'ira pas travailler ce soir (mardi).

Dans le stationnement de l'usine de Crocs mardi, des employés discutaient de la fermeture et de leur avenir avant de rentrer au boulot. Parmi eux, Christian Bouchard, qui n'ira pas travailler ce soir (mardi).

Déjà, il s'est déniché un autre emploi dans une autre usine qui est constamment à la recherche de travailleurs.

Mardi matin, M. Bouchard explique qu'il est allé voir son ancien employeur, Novik, et a décroché un nouveau poste à des conditions semblables, dit-il. Il commence ce soir. Il allait en aviser ses supérieurs de chez Crocs mardi en fin d'après-midi.

Christian Bouchard avait même en main quelques cartes d'affaires que son nouveau patron lui a demandé de distribuer à des collègues qui pourraient être des employés potentiels de l'entreprise de Saint-Augustin-de-Desmau-res spécialisée dans la fabrication de revêtements extérieurs de polymère pour les maisons.

«Nous sommes en pleine expansion et nous recherchons continuellement de nouveaux travailleurs», confirmait au Soleil l'adjoint au marketing de Novik, Vincent Métivier.

De l'avis de Marcel Bérubé, président du Groupe Perspective, l'avenir est loin d'être bloqué pour les futurs ex-travailleurs de Crocs.

«Les employés spécialisés n'auront aucune difficulté à se trouver un autre gagne-pain dans les entreprises qui transforment le plastique», fait remarquer le patron de l'agence de placement de personnel.

Des entreprises spécialisées dans la transformation du plastique et des matériaux composites, les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches en comptent 130 et elles subissent toutes les contrecoups du phénomène de la rareté de la main-d'oeuvre.

À l'occasion de la Foire de l'emploi qui se tenait la fin de semaine dernière, Plastique Micron (Sainte-Claire) recherchait 31 travailleurs; PH Tech (Lévis), 15; Plastique Gagnon (Saint-Jean-Port-Joli), 10, Plastique Alto-Polyfab (Québec), 9; IPL, (Saint-Damien) 3.

«Le défi va être d'identifier rapidement les travailleurs qui n'ont pas beaucoup de formation et de les former pour qu'ils puissent accéder aux nombreux emplois disponibles dans tous les autres secteurs de la vie économique de la région de Québec», précise

M. Bérubé en insistant sur l'importante d'une intervention prompte et efficace.

«Chez Crocs, il y a plusieurs travailleurs immigrants qui ont choisi de venir s'installer à Québec parce qu'il y avait beaucoup d'embauches qui se faisaient dans cette entreprise. Il ne faudrait pas les perdre. On en a tellement besoin.»

Rappelant que la Foire de l'emploi avait permis d'identifier au moins 7000 postes vacants dans la région, les Chambres de commerce de Québec et de Lévis ont fait savoir, mardi, qu'elles allaient unir leurs forces pour épauler Emploi-Québec dans l'opération de relocalisation des futurs ex-employés de Crocs.

Ambiance morose

En dépit des perspectives qui s'annoncent somme toute encourageantes, l'ambiance était morose mardi, chez Crocs.

«Tout le monde est à terre, on n'a plus de motivation. On rentre pratiquement juste pour nos chèques de paie», commente Julien Dufour, un délégué syndical.

«C'est pas facile de se trouver une job ici», pense Hassan Oumhine. D'ailleurs, il note que plusieurs des collègues qui ont été mis à pied en février n'ont toujours pas trouvé de travail.

À ses côtés, Mohammed Nejjari et Chafik Bouhara semblent un peu plus optimistes. Mais tous savent que leurs salaires actuels, qui sont en moyenne de 15 $, seront difficiles à égaler.

«J'ai travaillé pendant cinq ans au salaire minimum, je ne veux pas retourner au salaire minimum», fait valoir M. Dufour.

Jessica, elle, choisit de retourner sur les bancs d'école, dans le domaine de la construction. Selon Julien Dufour, d'autres collègues lui ont indiqué qu'ils feraient de même.