Comme viennent et reviennent les saisons, les phases de compressions se suivent et se ressemblent à la firme pharmaceutique Merck-Frosst, dont le siège social canadien est dans la ville de Kirkland, en banlieue ouest de Montréal.

Comme viennent et reviennent les saisons, les phases de compressions se suivent et se ressemblent à la firme pharmaceutique Merck-Frosst, dont le siège social canadien est dans la ville de Kirkland, en banlieue ouest de Montréal.

La firme a aboli mercredi 60 postes, tous à Kirkland. Comme une partie des postes abolis étaient vacants, et comme quelques employés ont accepté des positions non équivalentes, l'impact humain est un peu moindre: mais une quarantaine de personnes ont quand même été escortées vers la sortie mercredi. Ces gens pourront revenir récupérer leurs effets personnels plus tard.

«Ça s'est aussi bien passé que ce genre de circonstance permet», a dit hier à La Presse un porte-parole de Merck-Frosst, filiale de la multinationale américaine Merck&Co [[|ticker sym='MRK'|]].

L'action de Merck&Co. a clôturé à 35,60$US à la Bourse de New York, en hausse de 74 cents US.

Selon le porte-parole Jean-Luc Blais, l'objectif de cette récente rationalisation chez Merck-Frosst était de couper 3% de ses effectifs au Canada. Mais toutes les compressions ont été appliquées au siège social, à Kirkland, où un centre administratif côtoie le plus grand centre de recherche pharmaceutique privé au Canada.

Selon M. Blais, le département de la recherche n'est nullement touché par les compressions: il conserve ses 300 chercheurs. Les compressions visent des postes voués à l'administration, au marketing et aux études de marché dans le département de «Santé humaine».

Ce n'est pas le premier émondage chez Merck-Frosst. Les effectifs avaient atteint leur zénith en novembre 2001, soit 1900 personnes au Canada, dont environ 1400 à Montréal. Depuis la dernière série de compressions, mardi, Merck compte 1432 employés au Canada, dont environ 900 à Montréal. C'est, grosso modo, 500 jobs payants de moins à Montréal.

La plus grande saignée s'est produite quand le complexe Merck-Frosst a perdu son mandat de fabrication pour Merck&Co. L'usine a fermé et 300 personnes ont été licenciées, a rappelé le relationniste de longue date de Merck-Frosst, Jean-Luc Blais.

Merck a annoncé en 2005 des réductions à l'échelle mondiale, de 7000 postes. Les compressions de mardi s'inscrivent dans le processus continu de réévaluation des priorités et ressources de toutes les divisions de Merck, qui a commencé avec l'annonce de 2005.

Cela étant, M. Blais note que les compressions récentes ont aussi un lien avec le cycle des revenus des médicaments Merck vendus au Canada. Ainsi, deux médicaments rentables, les antihypertenseurs Vasotec et Primivil, ont vu leur brevet expirer l'an dernier. «C'est 125 millions en moins pour nous l'an dernier», dit-il.

La fin du brevet frappe les revenus des pharmaceutiques de recherche, parce qu'elles cessent d'avoir l'exclusivité sur les ventes de leurs nouveaux médicaments (le brevet dure 20 ans à partir du dépôt du brevet, donc une dizaine d'années après la commercialisation, dit-on chez Merck). À la fin du brevet, les concurrents «génériques» peuvent mettre en marché des copies meilleur marché.

«On essaie de compenser ces pertes en augmentant les ventes de médicaments lancés récemment, comme l'antisida Isentres, l'antidiabète Januvia, et le vaccin Gardasil, contre le cancer de l'utérus», dit M. Blais.

Merck, un géant mondial, vit ce problème à l'échelle de la planète et réagit par une cure minceur qui va durer encore, le temps d'ajuster ses effectifs à ses revenus moindres. «Chaque division a comme mission d'évaluer ses structures de coûts de temps à autre, de s'ajuster, et de revisiter ces décisions périodiquement», dit Vincent Lamoureux, le nouveau relationniste de Merck.

Ce qui veut sans doute dire que tout employé de Merck-Frosst serait prudent de se faire un petit coussin, juste au cas.

Même les relations publiques n'y échappent pas. Une des relationnistes est partie la semaine dernière. Quant à M. Blais, c'était la quatrième et dernière restructuration qu'il expliquait à La Presse en sept ans: il part à la retraite dans deux semaines, six mois avant la date prévue: «Le timing est bon», a-t-il dit.