Après deux semaines de dégringolade du prix du brut, on attend toujours une baisse des prix à la pompe, qui restent accrochés autour de 1,30$ le litre à Montréal.

Après deux semaines de dégringolade du prix du brut, on attend toujours une baisse des prix à la pompe, qui restent accrochés autour de 1,30$ le litre à Montréal.

Au cours de la dernière semaine, le prix d'un litre d'essence ordinaire a baissé de presque 4 cents à Toronto et de seulement 0,6 cent à Montréal, selon les chiffres compilés par MJ Ervin, firme de Calgary qui suit à la trace le marché de l'essence au Canada.

À Montréal, non seulement les prix n'ont pas baissé, mais ils ont fait un bond de 13 cents, à 1,39$, juste avant le week-end dernier, avant de redescendre aux alentours de 1,30$.

«Ça me fait suer de voir qu'on se fait f... par les compagnies pétrolières et qu'on ne puisse rien faire», écrit un lecteur de La Presse, frustré de constater que la baisse des prix du brut ne se répercute pas à la pompe.

Le prix du brut sur le marché international et le prix de l'essence à la pompe sont deux marchés différents, bien qu'ils soient étroitement liés. La plupart des automobilistes ont déjà constaté qu'une hausse du brut sur le marché international se traduit presque immédiatement à la pompe mais qu'inversement, une baisse prend du temps à arriver jusqu'aux réservoirs des voitures.

C'est qu'entre le prix du brut et le prix affiché à la pompe, il y a des intermédiaires, les raffineurs et les détaillants, qui peuvent faire varier sensiblement le prix du litre, chacun leur tour ou en même temps.

Le week-end dernier, le bond de 13 cents le litre était le fait des détaillants. "Un réajustement normal", selon la porte-parole des détaillants indépendants, Sonia Marcotte, parce que les détaillants vendaient depuis plusieurs jours leur essence à des prix équivalant à leurs coûts d'approvisionnement, donc avec une marge de profit près de zéro. Ils ont voulu rattraper leurs pertes.

Ces jours-ci, ce sont les raffineurs qui se rattrapent. «Les gens oublient toujours le secteur du raffinage», dit Sonia Marcotte, en soulignant que la marge des raffineurs a considérablement augmenté au cours des derniers jours.

Depuis le début de l'année, alors que les prix du brut battaient des records, les marges de raffinage rétrécissaient, parce que les prix à la pompe n'augmentaient pas aussi vite.

Selon MJ Ervin, la marge de raffinage pour l'essence s'est maintenue sous les 10% depuis le début de l'année 2008, comparativement à une moyenne de 13,6 cents le litre pour l'année 2007.

La porte-parole des détaillants indépendants souligne que la marge de raffinage, qui était de 7 cents le litre au début du mois d'août, avait atteint hier 18 cents le litre, ce qui explique que les prix à la pompe ne diminuent pas, selon elle.

Les chiffres de la Régie de l'énergie tendent à lui donner raison. Le coût d'acquisition des détaillants, plus les taxes, était de 1,28$ hier. Un coût qui, compte tenu d'un prix affiché à 1,30$, leur laisse une marge d'à peine 2 cents le litre, comparativement à une moyenne de 5,8 cents au cours des 12 derniers mois.

Les prix actuels sont équivalents au prix minimum de la Régie, souligne de son côté le porte-parole de l'industrie pétrolière, Carol Montreuil. «Les consommateurs continuent de bien s'en tirer.»

Le prix du brut a continué de baisser hier à New York. Le light sweet crude pour livraison en octobre a clôturé à 102,58$US, en baisse de 68 cents.

La dernière fois que le brut tournait autour de 100$US le baril, le prix à la pompe était environ de 1,15$ à Montréal, soit 15 cents le litre de moins qu'aujourd'hui.

Comme le pétrole s'achète en dollars américains, la baisse du dollar canadien depuis janvier est aussi un facteur qui ralentit la baisse des prix à la pompe. En janvier dernier, le dollar valait autour de 98 cents américains. Hier, le huard a fini la journée à 93,5 cents américains.