La Gendarmerie royale du Canada a lancé une enquête criminelle sur le scandale financier offshore entourant la firme montréalaise Triglobal, a appris La Presse.

La Gendarmerie royale du Canada a lancé une enquête criminelle sur le scandale financier offshore entourant la firme montréalaise Triglobal, a appris La Presse.

Des victimes qui ont perdu des dizaines de milliers de dollars, ont dit avoir fait cet été des dépositions à un enquêteur de l'Équipe intégrée - Police des marchés financiers. Il s'agit de la même escouade spécialisée qui a récemment fait accuser Vincent Lacroix et de nombreux complices dans l'affaire Norbourg, au terme d'une enquête de trois ans.

Triglobal a été fermée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) du Québec à la fin de décembre 2007 à la suite d'une enquête de l'Autorité des marchés financiers sur des fonds offshore devenus insolvables. Des investisseurs montréalais ont perdu 87 millions US dans les fonds Focus Management, des îles Caïmans, et dans Ivest Fund et Tricap Futures Fund, tous deux des Bahamas.

L'AMF allègue déjà que ces fonds ont été distribués illégalement au Québec par le président et copropriétaire de Triglobal, Thémis Papadopoulos, par l'autre actionnaire Mario Bright, et par plusieurs représentants de Triglobal. Mais l'AMF a aussi enquêté sur les transferts potentiellement irréguliers qui ont mené à la faillite et la liquidation judiciaire de ces trois fonds des Caraïbes.

L'inspecteur Yves Roussel, le patron montréalais de cette section spécialisée dans les crimes de cols blancs, n'a pu être joint hier. Le sergent Luc Bessette, responsable des communications au quartier général de la GRC à Montréal, a indiqué que le corps policier n'a aucune déclaration à faire sur Triglobal, ajoutant que la pratique de la GRC est de ne pas confirmer, commenter ni même infirmer aucune information portant sur les enquêtes.

Une personne dont la famille a perdu des centaines de milliers de dollars dans Focus et Ivest a indiqué à La Presse avoir été contactée par un analyste enquêteur, qu'elle a rencontré récemment dans les locaux de l'EIPMC au 16e étage de la Tour de la Bourse, à Montréal. Joint hier par La Presse, l'enquêteur Paul Renaud a indiqué n'avoir aucune déclaration à faire.

Selon le plaignant, l'enquêteur lui a demandé d'identifier des photos de Themis Papadopoulos et de son adjointe, Angela Skafidas, ex-représentante en épargne collective chez Triglobal qui a déjà été déléguée régionale à la Chambre de sécurité financière, ainsi que de Mario Bright. Il a aussi demandé l'autorisation que sa déposition antérieure à l'AMF soit versée à l'enquête de la GRC. «Il a été spécifique, il a dit que c'est une enquête au criminel», a dit le plaignant, qui a demandé de ne pas être nommé.

Les deux actionnaires de Triglobal et des fonds offshore insolvables ont tous les deux quitté le Canada. Plusieurs de leurs anciens clients pensent qu'ils sont dans leur Grèce natale.