Les fondateurs de Triglobal, qui font l'objet d'une enquête pour leur rôle dans des fonds offshore en faillite au Bahamas et aux îles Caïmans, n'en sont pas à leur première chaloupe qui prend l'eau dans les Caraïbes.

Les fondateurs de Triglobal, qui font l'objet d'une enquête pour leur rôle dans des fonds offshore en faillite au Bahamas et aux îles Caïmans, n'en sont pas à leur première chaloupe qui prend l'eau dans les Caraïbes.

Il y a 10 ans, aux Bermudes, les Montréalais Themis Papadopoulos et Mario Bright ont fourni un rendement désastreux à un investisseur suisse de réputation internationale, qui se souvient d'eux comme des incompétents.

«C'était de la mauvaise gestion», a récemment déclaré à La Presse Richard Smouha, gestionnaire de portefeuille de Lausanne qui avait été convaincu par MM. Papadopoulos et Bright d'investir dans un hedge fund appelé Tricap Futures Fund, et d'y prêter son nom.

M. Smouha, qui est cofondateur et membre de divers regroupements de gestionnaires de portefeuille, en Suisse, avait accepté d'investir dans Tricap, un fonds lancé aux Bermudes en 1997 par M. Papadopoulos, M. Bright et leur partenaire, Joseph Jekkel.

Les trois Montréalais sont maintenant frappés par diverses mesures judiciaires obtenues par l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour leur rôle allégué dans la distribution illégale au Québec de leurs fonds Ivest Fund et Focus Management.

Personne n'a encore été accusé dans cette affaire ou des Montréalais pourraient avoir perdu des dizaines de millions de dollars.

Tricap a cessé ses activités durant les années 90 et a été transféré aux Bahamas en 2004. Tout comme Ivest et Focus, il a été mis en liquidation judiciaire aux Bahamas et est actuellement sous le contrôle d'administrateurs provisoires nommés au Québec et là-bas.

Selon le prospectus de Tricap en 1997, M. Smouha avait aussi accepté le titre de vice-président de Tricap et il faisait partie du conseil d'administration.

«On avait été mis en contact avec Themis Papadopoulos par un avocat qu'on connaît à Montréal (....) On a mis de l'argent de notre compagnie (Atlanticomnium, de Genève) dans le fonds de Themis. Au début, la performance a été bonne. Mais pas la suite, la performance a été très mauvaise. Nous avons acheté à 10$ par part, puis ça a monté à quelque chose comme 14$, puis ça a descendu à 1$ ou 2$.»

«Nous étions très insatisfaits de cela et nous leur avons dit que nous voulions retirer notre argent, ce que nous avons fait, et nous avons pris la perte.»

M. Smouha a raconté à La Presse qu'à l'époque où son placement dans Tricap a fondu, il est venu à Montréal pour avoir des explications de M. Papadopoulos et M. Bright au sujet de la débâcle.

Il les a rencontrés dans leurs bureaux de Montréal (ils possédaient Triglobal et PNB Management, deux firmes récemment mises sous tutelle par l'AMF).

«Nous n'avons pas obtenu -particulièrement de M. Bright- de réponse satisfaisante, à savoir pourquoi ils avaient perdu l'argent.»

Pas d'arnaque

«Mais il n'a jamais été question, dans notre esprit, qu'ils aient pris l'argent, ou quelque chose du genre. La comptabilité et la caisse étaient tenues correctement. En ce qui nous concerne, c'était de la mauvaise gestion, tout simplement. Et c'était très décevant.»

M. Smouha note qu'une fraction de l'investissement a été recouvré. «Alors nous avons simplement fermé le dossier (...) nous n'avions aucun motif, en ce qui nous concernait, de poursuivre ou quelque chose du genre... On a simplement jugé que c'était de la mauvaise gestion. Leur explication n'était pas satisfaisante, mais c'était un fonds de devises, donc de par sa nature même, un fonds spéculatif. C'est ça qui est ça...»

M. Smouha a dit se souvenir que l'investissement était d'environ 100 000$ ou 150 000 $ US, pas une somme énorme pour sa firme, et que le placement était considéré comme spéculatif. Mais l'expérience a été «irritante» et «très décevante».

Le prospectus de Tricap fournit un éclairage sur les activités de PNB Management, de Montréal, un «bureau de conseiller en gestion» de Montréal qui était le gestionnaire d'investissement désigné de Tricap.

Tricap «utilise un système transactionnel informatique (...) appartenant à PNB Management pour investir à court et long terme dans les produits dérivés.»

À la même époque, selon les registres de la National Futures Association (la NFA encadre les courtiers en produits dérivés aux États-Unis), Mario Bright a été inscrit comme conseiller et négociateur agréé de la NFA.

Il a été inscrit en 1997, l'année du lancement de Tricap, et s'est retiré en 2005.

Durant cette période, M. Bright est aussi inscrit sous le nom d'Alliance Strategic Management Inc., et le numéro de téléphone est celui de Triglobal.