L'année commence bien mal pour les innovateurs et autres bidouilleurs du Québec à la recherche d'argent pour faire avancer leurs idées.

L'année commence bien mal pour les innovateurs et autres bidouilleurs du Québec à la recherche d'argent pour faire avancer leurs idées.

Le capital-risque a chuté de moitié au premier trimestre de 2008 par rapport à l'an dernier, et il faut remonter à 1996 pour observer un si mauvais début d'année.

Selon les chiffres compilés par la firme Thomson Reuters et publiés hier par Réseau Capital, il ne s'est brassé qu'un maigre 86 millions de dollars en capital-risque au Québec au cours des trois premiers mois de l'année, loin des 171 millions récoltés à la même période l'an dernier.

S'il faut éviter de tirer des conclusions à partir d'un seul trimestre, Charles Cazabon, président de Réseau Capital, admet qu'il faudra surveiller la situation.

«C'est un peu inquiétant, a-t-il avoué. Mais il ne faut pas extrapoler pour l'année complète, un trimestre peut être non représentatif.»

Réseau Capital note toutefois que la baisse «semble faire partie d'une tendance nord-américaine».

Le niveau de financement a stagné aux États-Unis au cours des trois premiers mois de 2008 et a dégringolé de 47% dans l'ensemble du Canada par rapport à l'an dernier.

«Le marché des capitaux n'est pas très bon actuellement, observe M. Cazabon. Les banques sont moins actives, les appels à l'épargne sont difficiles, les fusions et acquisitions sont à des prix plus modestes.»

Ce contexte difficile empêche souvent les investisseurs qui ont misé sur une entreprise de vendre leur participation et d'empocher leur profit. Conséquence: les rendements ne sont pas au rendez-vous, ce qui refroidit l'industrie au grand complet.

«Tout s'enchaîne», note M. Cazabon.

Les sciences de la vie écopent

Une analyse plus détaillée montre que les fonds fiscalisés du Québec (Fonds de solidarité de la FTQ, Mouvement Desjardins et Fondaction CSN) connaissent un début d'année beaucoup plus discret que l'an dernier.

Ils ont injecté seulement 16 millions dans des entreprises québécoises au cours du premier trimestre de 2008, comparativement à 52 millions l'an dernier.

Les investissements étrangers ont disparu du radar de façon encore plus radicale, chutant de 76 millions en 2007 à 14 millions cette année. Conséquence: les fonds privés, qui ont sensiblement maintenu leurs investissements, ont pris la pôle position du marché québécois avec 23% du financement.

Le secteur des sciences de la vie a écopé de façon particulièrement importante au cours du trimestre, alors que 11 entreprises se sont séparées un maigre 21 millions de dollars (par rapport à 106 millions l'an dernier).

Les grosses transactions comme celle de Targanta Therapeutics, qui avait raflé 70 millions US en 2007, semblent avoir disparu du tableau.

À l'inverse, le secteur des technologies de l'information est le seul qui semble avoir le vent dans les voiles. Avec 44 millions, les entreprises technos ont vu leur récolte bondir de 82% par rapport à 2007 et se sont approprié plus de la moitié des fonds québécois.

Les noms d'Accedian Networks, de Vantrix et de Standout Jobs sont mentionnés parmi les investissements les plus importants.

Les entreprises au stade avancé ont continué de mieux tirer leur épingle du jeu, s'emparant des deux tiers des fonds disponibles et laissant des miettes aux nouvelles sociétés.

«C'est quelque chose qu'il va falloir guetter, a souligné M. Cazabon. Il est important d'avoir de jeunes entreprises dans le pipeline si on veut qu'elles deviennent un jour de grandes compagnies.»