Changement de la garde chez l'une des plus grandes entreprises dirigées de Montréal: la Financière Power, contrôlée par la famille Desmarais.

Changement de la garde chez l'une des plus grandes entreprises dirigées de Montréal: la Financière Power, contrôlée par la famille Desmarais.

Son président du conseil et le pilote de sa forte croissance depuis 18 ans, Robert Gratton, 64 ans, part à la retraite.

Les frères Desmarais, Paul jr et André, lui succéderont comme coprésidents du conseil.

Et le principal gestionnaire de la Financière Power, Jeffrey Orr, est déjà bien en poste comme président et chef de la direction.

N'empêche, la croissance de cette entreprise en un colosse canadien de 145 milliards d'actif et 28 milliards de valeur boursière demeure largement l'oeuvre de Robert Gratton.

«L'entreprise a fait des progrès incroyables sous sa direction et je suis un peu triste de le voir quitter. Mais il a bâti une grande équipe de direction qui est basée sur des principes d'excellence. Pour lui-même, mais aussi ses adjoints», a confié Paul Desmarais après l'assemblée d'actionnaires de la Financière Power, jeudi à Montréal.

Quelques minutes plus tôt, son fils, Paul jr avait pris le micro devant les actionnaires pour souligner les «talents exceptionnels» de gestionnaire de Robert Gratton.

Il avait aussi souligné son important rôle de liaison «entre les propriétaires de l'entreprise et ses gestionnaires.»

«Ce fut très fructueux pour notre famille et pour tous les actionnaires de l'entreprise».

Et pour cause!

Sous la direction de M. Gratton, depuis 1990, la Financière Power a multiplié son actif par six à 145 milliards.

Elle a aussi réalisé une croissance annuelle composée de 20% de son bénéfice net.

En Bourse, la valeur d'entreprise de la Financière Power a été multipliée par 15 durant cette période, de 1,8 à 28 milliards.

Cette prospérité a évidemment profité beaucoup à son actionnaire majoritaire, le groupe Power, la principale entreprise contrôlée par la famille Desmarais.

Mais Robert Gratton a aussi fait fortune avec la croissance et la rentabilité de la Financière Power.

Depuis des années, il figure parmi les présidents d'entreprises les mieux payés au Canada. L'an dernier, sa rémunération directe a voisiné les 8 millions.

De plus, l'avoir personnel de M. Gratton en actions et en options de la Financière Power vaut plus de 500 millions, selon les informations de la plus récente circulaire de direction.

Ce financier émérite avait la voix nouée par l'émotion et les yeux un peu rougis, jeudi, lorsqu'il a annoncé son départ de la direction devant les actionnaires de La Financière Power.

Il faut dire qu'il avait assis juste devant lui les membres de sa famille immédiate - «sans eux, ma vie aurait peu de sens» a-t-il dit - ainsi que les membres de la famille Desmarais: le père Paul, son épouse et leurs deux fils.

Aussi, à son côté sur le podium, Jeffrey Orr, que Robert Gratton a recruté et supervisé comme président et chef de la direction de la Financière Power.

«Un dirigeant comme Monsieur Gratton demeurera une véritable inspiration pour notre culture d'entreprise: très exigeant, très analytique et stratège, envers nous-mêmes et envers l'autonomie laissée aux gestionnaires, tant que les bons résultats sont là», a commenté Jeffrey Orr, au sortir de l'assemblée.

Avec le départ de Robert Gratton, Jeffrey Orr obtient encore plus de responsabilités pour garder le bon cap de la rentabilité et de la croissance.

Et ça commence par la traversée d'une période trouble dans le marché des services financier qui, déjà, ternit les résultats des filiales de gestion de placement de la Financière Power.