Automobilistes, gardez espoir! La bulle spéculative du pétrole est sur le point de se dégonfler, estime la société de gestion montréalaise Hexavest. Rien ne justifie le récent sommet de 135 $ US du prix du pétrole, si ce n'est que la spéculation.

Automobilistes, gardez espoir! La bulle spéculative du pétrole est sur le point de se dégonfler, estime la société de gestion montréalaise Hexavest. Rien ne justifie le récent sommet de 135 $ US du prix du pétrole, si ce n'est que la spéculation.

Bien sûr, la devise américaine a faibli. Cela pompe toujours le prix du pétrole qui se négocie en dollars US. «Sauf que le billet vert a baissé de 6% en 2008, tandis que le pétrole a monté de 36%», souligne Jean-René Adam, gestionnaire de portefeuille chez Hexavest. Il faut chercher d'autres raisons...

Est-ce le déséquilibre entre l'offre et la demande qui a poussé le pétrole à un niveau record? Non plus, répond M. Adam. «L'été dernier, on s'attendait à une hausse de la demande mondiale de 2,3%. Mais les prévisions ont été réduites à environ 1%. Rien d'extraordinaire», dit-il.

Le gestionnaire ne voit rien d'inquiétant du côté de l'offre, malgré les scénarios d'épuisement des réserves de pétrole, à très long terme. «Les investisseurs regardent trop loin. D'ici cinq ans, il n'y a pas de problème», dit-il.

En outre, les réserves de pétrole des pays industrialisés sont à un niveau très sain. Et le climat géopolitique a déjà été plus chaud (ex: guerre au Liban, tensions avec l'Iran).

Il ne reste qu'une véritable explication à l'explosion du prix du pétrole: «C'est la spéculation provenant des caisses de retraite qui allouent une partie de plus en plus grande de leur portefeuille aux matériaux de base, principalement le pétrole», considère M. Adam.

Depuis la correction boursière du début 2000, les caisses de retraite diversifient leur portefeuille dans de nouvelles catégories d'actifs, comme les matières premières.

«Ces nouveaux investisseurs ont créé un choc dans la demande», affirme le gestionnaire américain Michael Masters, de Masters Capital Management. Depuis cinq ans, leurs actifs dans les matières premières sont passés de 13 milliards à 260 milliards. Ils sont devenus les acteurs dominants sur ces marchés.

À preuve, on dit souvent que la Chine est la grande responsable de la hausse de prix du pétrole. Depuis cinq ans, la Chine a effectivement augmenté sa demande de 1,88 milliard à 2,8 milliards de barils, une hausse de 920 milliards de barils.

Mais au cours de la période, l'accroissement de la demande des nouveaux investisseurs a été presque aussi fort, soit 848 milliards de barils, révélait M. Masters dans un témoignage devant le Sénat américain, la semaine dernière.

En effet, les démocrates ont présenté un projet de loi devant le Sénat américain le 7 mai dernier, visant à limiter la spéculation sur le marché des matières premières. Le Consumer-First Energy Act propose, entre autres, que les règles sur l'effet de levier soient resserrées.

Présentement, les spéculateurs peuvent emprunter jusqu'à 20 fois leur mise pour acheter des matières premières.

«Les probabilités que la loi passe sont assez élevées, même si le président Bush est contre. C'est une année électorale aux États-Unis et n'importe quel projet visant à réduire le prix du pétrole sera politiquement payant», dit M. Adam.

Si le projet de loi est adopté, le pétrole pourrait connaître une correction rapide et importante. Le prix pourrait redescendre de 30%, aux alentours de 90 $ US, avance M. Adam.

Une prévision qui tranche avec celle de firmes de courtage comme CIBC Marchés mondiaux et Goldman Sachs qui s'attendent à ce que le prix du pétrole dépasse les 200$US d'ici quelques années.