L'aggravation du conflit entre Israël et les Palestiniens et la confirmation de coupures de production des principaux pays producteurs de pétrole ont contribué à mettre fin à la longue dégringolade du prix du brut, qui a repassé le seuil des 40$US hier.

L'aggravation du conflit entre Israël et les Palestiniens et la confirmation de coupures de production des principaux pays producteurs de pétrole ont contribué à mettre fin à la longue dégringolade du prix du brut, qui a repassé le seuil des 40$US hier.

Le baril de pétrole a clôturé à 40,02$US, en hausse de 2,31$US, après avoir commencé la journée en lion, avec un bond de près de 5$US. Cette remontée avait commencé vendredi dernier, quand le brut a mis fin à neuf séances consécutives de baisse.

La nouvelle flambée de violence dans la bande de Gaza a réveillé les craintes d'une interruption des approvisionnements mondiaux de pétrole dans cette région stratégique. Aucun signe d'une telle interruption n'a cependant été constaté, d'où le repli des prix durant la journée. "Il y a des craintes d'une escalade sur un conflit plus large, avec surtout des inquiétudes qu'Israël ne cible l'Iran", a dit à l'AFP l'analyste Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. L'Iran est le deuxième plus important producteur membre de l'Opep.

En plus du conflit dans la bande de Gaza, la confirmation que les pays membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole réduiront réellement leur production de façon significative contribue à soutenir le prix du pétrole.

L'OPEP a annoncé le 17 décembre dernier une troisième baisse de production, de 2,2 millions de barils par jour celle-là, à compter du 1er janvier 2009 pour soutenir les prix. À mesure que cette date se rapproche, il devient évident que les pays producteurs feront ce qu'ils ont dit qu'ils feraient et que l'offre de pétrole diminuera.

En plus de réduire leur production, les six pays membres du Conseil de coopération du Golfe veulent mettre en place un mécanisme pour stabiliser le prix du brut. Le Conseil réunit Oman, l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, qui ensemble contrôlent 45% des réserves mondiales de pétrole et 25% des réserves de gaz naturel.

Le prix du brut est aussi soutenu par des rumeurs voulant que le gouvernement chinois profite des bas prix actuels pour regarnir les réserves du pays et, dans une moindre mesure, par la faiblesse du dollar américain qui rend le pétrole vendu en dollars américains plus intéressant pour les investisseurs de partout ailleurs dans le monde.

Il n'y a pas que le pétrole qui a réagi en hausse aux événements du Moyen-Orient. L'or, la valeur refuge traditionnelle, a fait un bon de 4,20$US, à 874,60$US, ce qui reflète des inquiétudes croissantes chez les investisseurs.

Un huard faible

Malgré le raffermissement du prix du pétrole, le dollar canadien continue de montrer des signes de faiblesse. À l'ouverture des marchés hier matin, il perdait 0,73 cent, à 81,97$US. En fin de journée, le huard valait 82,07$US, en baisse de 0,63 cent sur son dernier cours de fermeture.

Le dollar canadien n'a pas cessé de fluctuer en fonction du prix du pétrole, estiment toutefois les analystes interrogés hier. "La relation entre la valeur du dollar canadien et le prix du pétrole et des autres matières premières n'est pas une relation exacte, mais elle est perçue comme exacte par les marchés", explique Frederic Mayrand, vice-président principal et chef cambiste à la BNP Paribas.

Selon lui, même si l'évolution des derniers jours pourrait le laisser croire, cette relation n'a pas changé. "Il ne faut pas trop chercher la logique des marchés dans les dernières journées de l'année", ajoute-t-il.

Typiquement, la fin d'une année est marquée par un faible volume de transactions, et par des opérations de rebalancement de portefeuille qui ne donnent pas une bonne idée de la direction des marchés, selon le cambiste.

La relation entre le prix du pétrole et la valeur du dollar canadien est encore forte, estime lui aussi Yves St-Maurice, économiste chez Desjardins. "Les fluctuations (entre les deux) ne sont pas toujours proportionnelles", souligne-t-il.

L'économiste rappelle que lorsque le pétrole s'est rapproché des 150$US le baril, l'été dernier, le dollar canadien n'a pas suivi. Inversement, si le pétrole baissait sous les 30$, on peut penser que le dollar ne plongerait pas avec lui. Mais entre les extrêmes, la relation entre la valeur du dollar canadien et le prix du pétrole tient toujours.

Yves St-Maurice croit lui aussi que les fluctuations des marchés dans les derniers jours de l'année ne veulent pas dire grand-chose. Il est de ceux qui croient qu'il faudra attendre vers la mi-janvier avant de voir quelle sera leur direction.

L'arrivée officielle du nouveau président américain Barack Obama à la Maison-Blanche, le 20 janvier, pourrait insuffler un peu d'optimisme dans les marchés. "On l'espère, dit l'économiste de Desjardins. C'est avant tout une question de confiance".