Alors que les mises à pied se multiplient dans divers secteurs d'activité, on embauche chez les syndics de faillite et les départements de restructuration-insolvabilité des grands cabinets comptables.

Alors que les mises à pied se multiplient dans divers secteurs d'activité, on embauche chez les syndics de faillite et les départements de restructuration-insolvabilité des grands cabinets comptables.

Hier, un sondage fait auprès de 138 employeurs canadiens a révélé que plus de 40% d'entre elles ont déjà fait ou envisagent d'ici 12 mois des mises à pied et le gel des embauches. La révision des salaires fait aussi partie de l'arsenal de 30% des firmes sondées par la firme de gestion des ressources humaines Watson Watt.

Mais dans les cabinets de restructuration-insolvabilité de Montréal, les nouveaux dossiers d'entreprises dans le pétrin arrivent régulièrement et l'activité est à la hausse.

Plus important

«C'est clair qu'on est plus occupé», a dit hier le comptable Mario Denis, spécialiste en restructuration et syndic de faillite chez Ernst&Young. Qui dit restructuration, dit généralement mises à pied, même si la firme parvient à éviter la faillite, rappelle M. Denis.

«Ça me semble plus important que le début de la récession de 1991. La crise financière est une composante du problème qui n'était pas là la dernière fois. Autant les banques prêtaient avec largesse avant, autant elles sont restrictives maintenant.»

La rareté de l'argent pèse le plus lourdement sur les firmes en détresse qui faisaient une partie de leurs emprunts auprès de banques américaines, explique M. Denis, qui cite deux dossiers où «des banques américaines n'ont pas les liquidités et ne pourraient pas prêter même si elles le voulaient».

Gilles Robillard, de RSM-Richter, affirme que de nouvelles firmes en détresse arrivent «régulièrement» au siège social de Montréal. Pour fournir à la demande, RSM vient d'engager deux comptables agréés et devrait en prendre «quelques autres dans deux semaines».

«Ça a augmenté beaucoup au début de novembre et on n'a pas été autant occupés depuis longtemps», ajoute M. Robillard, qui a connu les récessions de 1982 et 1991.

«Le pire est à venir et 2009 va être très difficile», notamment pour les exportateurs, dit-il.

Chez PricewaterhouseCoopers, Christian Bourque dit que le bureau de Montréal est «très consulté, très occupé, mais pas débordé». Quand même, il vient d'engager deux C.A., un troisième devrait suivre bientôt.

«C'est particulièrement dur pour les firmes du secteur minier, ou celles qui font face à un refinancement.» Selon lui, la récession ne fera pas de cadeau à Noël: «On s'attend à beaucoup de dossiers dans le secteur de la vente au détail.»

«Sauvées» par la crise financière

Signe des temps, M. Bourque évoque des cas inédits, comme cette usine de plastique qui a été «sauvée» de la faillite par la crise financière: «Il y a des cas où la banque décide de ne pas liquider parce qu'elle constate que personne ne rachèterait les actifs à un prix suffisant. Essayez donc de vendre des machines à injection de plastique ces temps-ci, avec toutes les usines de pièces automobiles qui ferment en Ontario.»

«La banque préfère garder l'entreprise en vie pour un an, la mettre en suivi plutôt que de la passer directement en mode liquidation.»

«On ne s'imaginait pas qu'il y avait autant de transactions basées sur des titres de dettes, dit M. Bourque. Même les entreprises qui achètent des actifs en détresse laissent passer des deals, parce qu'elles ne trouvent pas de prêteur pour financer la transaction.»

Le sursaut d'activité se ressent aussi chez les avocats en relations de travail, mandatés pour faire des mises à pied collectives.

Rosaire Houde, avocat en relations de travail chez Borden Lardner Gervais, à Montréal, affirme traiter depuis quelques semaines une abondance de mandats de licenciements. «Je viens d'en faire un où plusieurs centaines d'employés ont tous été mis à pied ou ont reçu leurs avis de licenciement, a dit Me Houde. C'est toute l'entreprise qui ferme, à moins d'un rachat de dernière heure.»