Ça fait le bonheur des vacanciers, mais ça fait le malheur des exportateurs. Le dollar canadien se maintient toujours près du seuil de la parité avec son cousin américain, même si le pétrole, lui, est en chute libre.

Ça fait le bonheur des vacanciers, mais ça fait le malheur des exportateurs. Le dollar canadien se maintient toujours près du seuil de la parité avec son cousin américain, même si le pétrole, lui, est en chute libre.

On a souvent entendu que le prix du pétrole propulsait le huard vers les sommets. Or, le prix du brut descend résolument vers les 120$ et le huard ne bronche pas. Du moins pas pour l'instant.

Le pétrole a clôturé la séance d'hier à 123,26$ à New York, en recul de 2,23$. Le 11 juillet, le brut avait atteint son prix record de 147,27$

«Le dollar canadien n'a jamais récolté aucun bénéfice du baril de pétrole à 140$, affirment Avery Shenfeld et Krishen Rangasamy, de CIBC Marchés mondiaux. Donc il devrait être relativement immunisé contre les récents correctifs du prix du brut.»

Sauf que les analystes sont divisés quant à savoir si la devise canadienne demeurera à parité ou non.

D'ailleurs, le dollar canadien a connu une baisse de 0,61 cents US hier, pour terminer la journée à 98,08 cents.

Ce qui est bon pour le dollar

«Le compte courant du Canada est positif et il le sera encore pour quelques années», fait remarquer le vice-président aux marchés internationaux de la Banque Laurentienne, François Barrière.

«Que le prix du pétrole passe de 150 à 120$ ou de 120$ à 80$, l'argent entre au pays», fait remarquer M. Barrière.

Le prix des autres ressources naturelles (les minéraux par exemple), a aidé à soutenir la devise. «Il y a aussi de grosses acquisitions étrangères qui ont causé une forte demande en dollars canadiens», souligne Guy Phaneuf, directeur des instruments de dette chez BMO Marchés des capitaux.

Il est vrai que si le prix du pétrole est moins élevé, les entrées d'argent seront plus faibles. Mais compte tenu des risques plus grands qui persistent dans l'économie américaine, le dollar canadien est encore préféré au billet vert, selon François Barrière.

Dans ce contexte, le dollar canadien pourrait éviter la plongée. «Je continue à dire que le dollar va rester fort, dit François Barrière, de la Laurentienne. Cela n'empêche qu'il perde entre 5 et 10% de sa valeur, mais ça demeurerait selon moi un dollar fort.»

«On a déjà été surpris de voir le dollar canadien s'affaiblir, dit Guy Phaneuf. Je ne vois pas pourquoi il continuerait.»

Ce qui est moins bon

Le stratège des marchés monétaires chez BNP Paribas à Londres, Hans-Guenter Redeker, croit toutefois que le dollar canadien perdra de sa valeur sous peu.

«Les devises qui s'appuyaient sur les ressources naturelles étaient stables jusqu'à tout récemment, mais elles sont maintenant sous pression, a-t-il expliqué à La Presse Affaires. On le voit bien avec le dollar australien, qui a dramatiquement chuté dans la dernière semaine.»

Selon lui, le prix des ressources est en baisse, un horizon plus positif se dessine pour le billet vert, et la demande américaine devrait demeurer faible, ce qui aura tôt ou tard un effet sur l'économie canadienne.

Ces facteurs réduiront l'attrait du huard. «Le dollar canadien va s'affaiblir significativement, dit M. Redeker. Pour ce trimestre, nous prévoyons qu'il descendra à 0,94$US, puis à 0,89$US à la fin de l'année.»

Mais la devise reprendra du mieux en 2009, soutient le stratège.