Des cigarettes sans taxe, de la bière pas chère et une carte de crédit pour payer le reste. Si la liste s'apparente à la clé du bonheur pour plusieurs, elle représente au contraire tout ce qui irrite les dépanneurs.

Des cigarettes sans taxe, de la bière pas chère et une carte de crédit pour payer le reste. Si la liste s'apparente à la clé du bonheur pour plusieurs, elle représente au contraire tout ce qui irrite les dépanneurs.

L'Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA) a interpellé les partis politiques hier sur les enjeux qui donnent des maux de tête à ses membres. Trois sujets au menu: la contrebande de cigarettes, la guerre des prix sur la bière et les frais "éhontés" qu'exigent les géants du crédit et du débit.

«Le gouvernement est un peu endormi sur certaines problématiques», a lancé Florent Gravel, PDG de l'ADA, lors d'une conférence de presse réalisée en plein dépanneur où un empilement de caisses de bière faisait office de lutrin.

Alain Forget, propriétaire du dépanneur en question et président de la Régionale de Montréal de l'ADA, a expliqué qu'il en a assez de se voir sans cesse imposer de nouveaux règlements sur la vente du tabac alors que la vente illégale se fait n'importe comment et au su de tous.

«En trois ans, mes ventes de cigarettes ont baissé de 35%», dit M. Forget. L'ADA propose d'étendre à l'ensemble de la province le projet VITAL - pour Vente du tabac illégal à Laval - qui mise sur la répression et la sensibilisation pour lutter contre la contrebande.

L'Association des détaillants en alimentation a même son idée sur comment financer le projet: piger dans les 210 millions reçus par Québec lorsque Imperial Tobacco et Rothmans, Benson&Hedges ont été mis à l'amende pour avoir participé à la contrebande de cigarettes dans les années 1990.

Le deuxième dossier chaud pour les dépanneurs, c'est le prix de la bière. À l'heure actuelle, le gouvernement interdit de vendre une caisse de 24 bouteilles de bière à 5% d'alcool moins de 22,83$. Un prix-plancher beaucoup trop bas aux yeux de l'ADA, qui affirme que le prix coûtant s'élève à 29,62$. Selon l'ADA, la situation amène une guerre de prix malsaine qui oblige les dépanneurs à vendre sous le prix coûtant.

«Si les grandes chaînes annoncent à 22,83$ dans les circulaires, c'est nocif pour les petites surfaces», dit M. Gravel. Après avoir demandé en vain au gouvernement de hausser son prix minimum, l'ADA propose maintenant d'interdire la publicité sur le prix de la bière dans les circulaires. Une solution que ne retient pas le Conseil canadien des distributeurs en alimentation. «La promo et la publicité, ce n'est pas le coeur du problème. Ce à quoi on doit s'attaquer, c'est au prix minimum qui est trop bas», dit Frédéric Alberro, porte-parole du Conseil.

Les dépanneurs demandent aussi au futur gouvernement du Québec de freiner la hausse «éhontée» des frais d'utilisation exigés par les géants du crédit et du débit qui grignotent les marges des dépanneurs.

M. Gravel rappelle que le nombre de dépanneurs a chuté de 10 000 à 6000 en 10 ans au Québec. «Ce sont de belles entreprises, de belles PME, dit-il. Mais la législation des gouvernements met en péril la survie de ses dépanneurs.»