Moins d'achats de nouvelles voitures. Des stocks qui montent dans les entreprises. Et c'était encore l'été. Attendez un peu que les données de l'automne soient rendues publiques...

Moins d'achats de nouvelles voitures. Des stocks qui montent dans les entreprises. Et c'était encore l'été. Attendez un peu que les données de l'automne soient rendues publiques...

Statistique Canada a révélé hier le portrait d'une économie canadienne encore vigoureuse, qui aurait pu agir comme un baume en cette période trouble. En lieu et place, elles ont servi à rappeler que le pire a commencé après septembre, date à laquelle Statistique Canada a arrêté son boulier.

Ainsi, le produit intérieur brut (PIB) canadien a augmenté de 1,3% au troisième trimestre (par rapport aux mois de juillet à septembre 2007). C'est un peu plus que le 1,1% attendu. Une performance qui se compare «à une baisse de 0,5% dans le cas de l'économie américaine», précise l'agence fédérale.

Les données du deuxième trimestre ont aussi été revues à la hausse, passant de +0,3% à +0,6%.

La progression du troisième trimestre, à première vue acceptable, a suscité les commentaires du genre de la part des économistes d'institutions financières: «Un dernier sursaut avant la récession» (Desjardins), «Il sera difficile d'éviter une récession technique" (Banque Nationale) ou encore «That was so last quarter» (BMO Marchés des capitaux). On a déjà vu enthousiasme plus débordant...

Deux éléments principaux ont retenu l'attention de Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins. D'abord, il y a le niveau des stocks dans les entreprises. Il faudrait en vendre pendant 64 jours avant de voir la couleur de la peinture au fond de la tablette. «Près de la moitié de la croissance économique au troisième trimestre provient de la hausse des stocks des entreprises», note M. Durocher.

Il craint que les entreprises ne réduisent la cadence du stockage, ce qui aura pour effet de ralentir la croissance économique.

Puis, deuxième élément, il y a la demande intérieure qui s'essouffle. «Le ralentissement significatif des dépenses de consommation est préoccupant... L'amplification de la crise financière cet automne a entraîné de nouvelles baisses de la confiance (des ménages) au cours des derniers mois, de sorte que les perspectives concernant la consommation demeurent faibles.»

Ces dépenses qui augmentent moins vite qu'avant s'expliquent en bonne partie par le fait que les Canadiens ont acheté moins de voitures l'été dernier. Il faut dire que l'automne et l'hiver derniers avaient été particulièrement bons pour les concessionnaires.

Il y a aussi les exportations qui ont baissé pour le cinquième trimestre de suite -moins que les importations, doit-on noter, ce qui a pour effet de contribuer à la croissance. N'empêche, avec l'annonce d'une officielle récession dans notre principal marché extérieur, «la question cruciale est de savoir jusqu'à quel point la demande intérieure pourra contrebalancer le ralentissement des exportations», dit Stéfane Marion, de la Financière Banque Nationale.

Et il répond à sa question, continuant de croire qu'une contraction de la demande intérieure finale peut être évitée. «À notre avis, écrit-il, la poursuite de la tendance à la hausse des revenus disponibles réels devrait continuer de soutenir les dépenses des consommateurs jusqu'à ce que des mesures de relance budgétaire entrent en jeu au premier trimestre de 2009.»

Pour ceux qui souhaitent avoir une meilleure idée du comportement de l'économie canadienne dans un passé plus récent, il faudra regarder vendredi les données sur le chômage en novembre.