Il n'y aura pas de repos pour Barack Obama. Après des mois de campagne présidentielle éreintante, le nouveau président désigné des États-Unis est confronté à des défis économiques herculéens.

Il n'y aura pas de repos pour Barack Obama. Après des mois de campagne présidentielle éreintante, le nouveau président désigné des États-Unis est confronté à des défis économiques herculéens.

La récession

La récession est le défi économique le plus urgent de Barack Obama - et celui devant lequel il est le plus vulnérable. Le gouvernement peut adoucir une récession, mais il ne peut pas l'enrayer. Les économistes qui croient encore que les États-Unis ne sont pas en récession pensent néanmoins qu'il ne s'agit que d'une question de temps.

«La plupart des solutions conventionnelles contre une récession ont déjà été employées par l'administration Bush cet automne», dit Jeffrey Frankel, professeur d'économie à l'Université Harvard. Il reste toutefois la possibilité d'un plan de relance - une première occasion pour Barack Obama de réaliser ses promesses électorales.

«Ça pourrait être les baisses d'impôts dont Barack Obama parle si souvent pour 95% des contribuables, une hausse des paiements d'assurance emploi ou encore de l'argent frais pour que les États construisent des infrastructures», dit le professeur Frankel.

La crise à Wall Street

Le nouveau président devra administrer le reste des 700 milliards US du plan Paulson. «Presque tout a déjà été fait à court terme, dit le professeur Jeffrey Frankel. Obama doit plutôt s'assurer qu'une crise financière comme celle-là ne se reproduise pas.»

Le nouveau président sera tenté de resserrer la réglementation de Wall Street. Le professeur Jeffrey Frankel ne veut pas davantage de règles. Il en veut des plus efficaces. «Vous pouvez empirer les choses si vous introduisez trop d'obstacles à l'investissement, dit-il. Il est toutefois assuré qu'Obama devra mieux réglementer les institutions financières non traditionnelles.»

Les finances publiques

De 162 milliards US l'an dernier à 455 milliards US cette année, le déficit fédéral pourrait atteindre 1000 milliards US lors de la première année de l'administration Obama. Oubliez donc le déficit zéro pour le premier mandat.

«Je ne me souviens pas d'un président qui a commencé un mandat dans une situation financière aussi désastreuse, dit le professeur Jeffrey Frankel. L'administration Bush lui a creusé tout un trou. À court terme, il n'est pas possible pour Obama de songer au déficit zéro en raison des pertes fiscales découlant de la récession, des pertes des contribuables dans des institutions financières comme Freddie Mac et Fannie Mae et du déficit du système de sécurité social causé les retraites des baby-boomers.»

L'indépendance énergétique

«Drill, baby, drill!» a été un slogan énergétique des républicains durant la campagne, qui voulaient de nouveaux puits de pétrole en Alaska. Barack Obama, lui, a promis d'investir 150 milliards US sur 10 ans afin de créer 5 millions d'emplois dans le secteur des technologies vertes.

Jeffrey Frankel a une solution plus ambitieuse - et évidemment plus risquée sur le plan politique: remplacer les baisses d'impôts de George W. Bush, qui viendront à échéance en 2009, par une taxe sur le carbone.

«C'est la seule façon de régler notre problème de dépendance énergétique, dit le Jeffrey Frankel, professeur d'économie de l'Université Harvard. Ce serait aussi une décision bénéfique au niveau des finances publiques, du réchauffement climatique et de la congestion urbaine.»

La crise immobilière

La crise immobilière elle demandera l'attention immédiate du nouveau président. «C'est probablement le défi le plus urgent à mon avis», dit François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins.

Depuis le sommet du marché immobilier en 2005, la valeur des maisons a chuté en moyenne de 20,3% aux États-Unis. «Une chute du marché immobilier provoque une spirale négative: les gens perdent confiance en l'économie et ils arrêtent de consommer, dit François Dupuis. Perdre 20% de la valeur de sa maison a des conséquences plus graves pour l'économie réelle que de perdre 20% de ses placements en Bourse.»

Au nombre des solutions envisagées, l'administration Obama pourrait forcer les institutions financières à refinancer les hypothèques à long terme avec un taux fixe. Selon Desjardins, les ménages américains en difficulté verraient ainsi leur taux hypothécaire passer en moyenne de 7,25% à 5,25%.