On ne pourra pas accuser Ubisoft Montréal de manquer d'ambition. Son PDG, Yannis Mallat, veut hisser la boîte du boulevard Saint-Laurent... au premier rang des studios de jeux vidéo de la planète.

On ne pourra pas accuser Ubisoft Montréal de manquer d'ambition. Son PDG, Yannis Mallat, veut hisser la boîte du boulevard Saint-Laurent... au premier rang des studios de jeux vidéo de la planète.

«L'objectif, c'est de devenir le premier studio au monde», a affirmé M. Mallat en entrevue à La Presse Affaires.

Avec ses 1800 employés, Ubisoft Montréal est déjà un géant. Le studio montréalais compte pour plus du tiers de tout Ubisoft, un groupe français établi à Paris qui possède 22 autres studios dans le monde.

«En fait, il n'y a qu'Electronic Arts, à Vancouver, qui soit de taille comparable», explique Cédric Orvoine, directeur des communications chez Ubisoft Montréal.

Mais dans une industrie où le succès ne se mesure pas au poids, mais à la créativité, c'est par la qualité qu'Ubisoft Montréal veut s'imposer sur la scène mondiale.

Objectif flou? M. Mallat s'en défend bien. Le succès du défi qu'il lance, dit-il, on pourra le mesurer dans les palmarès des meilleurs studios que dressent chaque année des publications indépendantes comme Game Informer, une référence dans l'industrie.

La composition du palmarès change considérablement chaque année selon les jeux développés par les différents studios, mais Ubisoft Montréal fait preuve d'une bonne constance: depuis 2005, il y rafle systématiquement la quatrième place.

M. Mallat admet qu'il sera difficile de déloger un développeur de jeux comme Nintendo, qui a l'avantage de fabriquer lui-même les consoles qui font rouler ses produits. Nintendo s'est sauvé avec la première place du palmarès de Game Informer en 2006, et avec la troisième l'an dernier.

Qui cherche-t-il à semer?

«On pense à Blizzard, par exemple, le développeur de World of Warcraft, répond M. Mallat. Ça varie d'année en année, mais on pense aussi à Maxis et à Epic -qui, cette année, va scorer fort avec Gears of War.»

Stimuler la créativité

Cet objectif de se hisser en première place, M. Mallat veut l'atteindre d'ici 2013. C'est aussi la date qu'il s'est fixée pour faire passer le nombre d'employés de 1800 à 3000.

Sauf qu'Ubisoft n'est pas une usine à fabriquer des boutons. Le studio aura beau grandir et embaucher, rien ne garantit que le prochain blockbuster qui clouera des millions d'adeptes devant leur console aura été imaginé, pensé et développé dans le boulevard Saint-Laurent.

M. Mallat doit espérer que des étincelles créatrices continueront de fuser à l'intérieur de ses murs. Des étincelles comme celle qu'a eue Patrice Désilets, concepteur de jeux qui s'est levé un matin avec l'idée de se mettre dans la peau d'un assassin -le flash a conduit au jeu Assassin's Creed, déjà écoulé à plus de six millions d'exemplaires.

Comment s'assurer que ça se reproduise?

«Il n'y a pas de recette à suivre pour créer un nouveau jeu, répond M. Mallat. S'il y en avait une, on ne ferait pas de bons jeux.»

L'idée est donc de mettre en place les conditions pour faire germer la créativité. Il suffit d'arpenter les locaux à aire ouverte parsemés de mascottes, de plantes et de gadgets bigarrés où travaillent les programmeurs d'Ubisoft Montréal pour comprendre qu'on n'est pas dans une société d'assurances.

«On laisse les noyaux des équipes s'assembler organiquement -on n'impose pas les équipes, dit M. Mallat. Il faut que les gens se découvrent, se sentent.»

Mais si Ubisoft n'est pas une usine de boutons, ce n'est pas non plus une commune d'artistes. La créativité doit être canalisée vers des jeux, et des jeux qui vont se vendre.

«Dès le tout début, dans l'équipe noyau, on adjoint une personne de marketing qui a pour mission d'infuser au sein de l'équipe de créateurs une pertinence commerciale», explique M. Mallat.

Et s'il fallait nommer un obstacle qui mettrait en péril les ambitions d'Ubisoft Montréal?

«Il nous faut un accès à une main-d'oeuvre en croissance, répond Yannis Mallat. Il faut continuer à développer des programmes de formation pour développer la relève.»

UBISOFT MONTRÉAL

> Créé en 1997 > 1800 employés (objectif de 3000 en 2013)

> Quelques jeux développés au Québec : TomClancy's Rainbow Six, Splinter Cell et Ghost Recon, Prince of Persia, Rayman, Myst, Far Cry, Assassin's Creed

LE GROUPE UBISOFT> Siège social : Paris

> 23 studios dans le monde

> 5100 employés

> Capitalisation à la Bourse Euronext de Paris : 1,7 milliard d'euros

> Chiffre d'affaires en 2007-2008: 928millions d'euros