Le terme est puissant et il est rarement employé dans le langage sibyllin des sondages.

Le terme est puissant et il est rarement employé dans le langage sibyllin des sondages.

Dans son dernier rapport Tendances conjoncturelles, réalisé avec l'Institut Canadien des Comptables Agréés, la Banque Royale parle d'un «effondrement» de la confiance des entreprises canadiennes.

Un tel état psychologique laisse entrevoir des lendemains économiques douloureux, même si les entrepreneurs estiment pouvoir s'ajuster aux conditions du marché.

«Seulement 6% des dirigeants sondés sont plus confiants qu'il y a un an», observe Shauneen Bruder, VP directrice, Entreprises et marchés commerciaux, pour RBC.

Dans ce contexte déprimant, le sondage trimestriel qui rejoint 443 compagnies canadiennes montre aussi que l'optimisme des patrons envers l'économie a chuté de 67% à 23% au cours de la dernière année.

James Cherry, PDG d'Aéroports de Montréal, est préoccupé par la conjoncture.

«Le nombre de passagers a reculé de 2% au cours des deux derniers mois, constate-t-il. C'est la première baisse en cinq ans!»

Le dirigeant souligne que la hausse des prix du pétrole et les problèmes de l'économie américaine sont en grande partie responsables de la situation.

Faut-il rappeler qu'il y a un an le brut s'échangeait à 71$US le baril et l'essence à la pompe valait 1,07$ le litre ...

La tendance se confirme

Publié également hier, l'indice de confiance PricewaterhouseCoopers confirme cette inquiétante tendance.

Ce sondage, fait en collaboration avec Léger Marketing, est mené au Québec. Il rejoint 305 entreprises et 1000 consommateurs. Il est publié tous les deux mois.

«Depuis le printemps, la confiance des entreprises a chuté de 94 à 79 points, dit Michel Hébert, FCA, associé à la firme comptable. Il n'est pas exagéré de parler d'effondrement. Une perte de 15 points en si peu de temps c'est énorme.»

C'est la première fois depuis mars 2006 que le niveau de confiance de cet indice passe sous les 80 points, précise le spécialiste.

Selon M. Hébert, la perspective d'une hausse des taux d'intérêt inquiète particulièrement les entreprises.

De plus, ajoute-t-il, la flambée des prix du carburant, la crise du crédit américaine et la vigueur du dollar canadien pèsent sur les manufacturiers et sur les exportateurs.

Pour le moment, les entreprises sont plus pessimistes que les consommateurs, dont l'indice affiche 90 points.

«C'est un peu normal car les compagnies réagissent tout de suite quand les choses commencent à ralentir», explique Michel Hébert.

Confiance malgré tout

Shauneen Bruder, de la Banque Royale, signale que les chefs d'entreprises gardent, malgré tout, confiance dans leurs entreprises. Toutefois, leur niveau d'optimisme est plus bas que l'an dernier.

«Ils ont commencé à faire des ajustements, dit-elle. Par exemple, ils abaissent leurs coûts en allant vers de l'énergie verte et en réduisant les frais de transport et d'expédition.»

Pour sa part, James Cherry, d'Aéroports de Montréal, a déjà mis en place des mesures pour faire face à la «décroissance» des activités aériennes.

«Nous n'avons pas coupé de postes mais nous retardons des investissements liés aux bâtiments et à la formation, dit le grand patron. Nous allons aussi réduire les dépenses des voyages d'affaires.»

À son avis, cette période d'incertitude devrait se prolonger au cours des six à douze prochains mois.

«Ça dépendra de la relance de l'économie américaine, de la force du dollar canadien et de la valeur du prix du pétrole, dit-il. C'est encourageant de voir que le cours du brut a commencé à baisser.»

Comme Aéroports de Montréal a connu une bon premier trimestre, la société devrait terminer l'exercice actuel avec des revenus similaires à ceux de 2007.

«Nous restons positifs à plus long terme car la demande domestique est forte, avance Shauneen Bruder. Mais les douze prochains mois pourraient être plus difficiles.»

Cela dit, elle remarque que les choses vont mieux dans l'ouest du pays, où les provinces profitent du boom du pétrole, des mines et des fertilisants agricoles.

Par contre, les secteurs manufacturiers au Québec et en Ontario sont touchés par l'appréciation du huard et par la hausse du prix du carburant.

Fait intéressant, PricewaterhouseCoopers a aussi fait un sondage auprès de 275 entreprises et 900 consommateurs albertains.

Depuis le printemps, l'indice des entreprises est passé de 113 points à 87 points.

«L'Alberta est généralement plus confiante que le Québec, mais elle est sur la même pente descendante», remarque Michel Hébert.

Ses compagnies craignent surtout une hausse des taux d'intérêt pour contrer l'inflation émanant de la province.

Morale de l'histoire: même les provinces plus riches s'inquiètent pour l'avenir.

PRINCIPAUX DÉFIS SELON LES DIRIGEANTS D'ENTREPRISE

CONCURRENCE 79%

DEMANDE DES CLIENTS 67%

COÛT DE L'ÉNERGIE 53%

VALEUR DU DOLLAR 50%

RELÈVE 46%

Source ICCA RBC