Décision surprenante: l'hôtel Omni Mont-Royal, de la rue Sherbrooke, au centre-ville de Montréal, a décidé de fermer en décembre sans attendre de trouver un acheteur.

Décision surprenante: l'hôtel Omni Mont-Royal, de la rue Sherbrooke, au centre-ville de Montréal, a décidé de fermer en décembre sans attendre de trouver un acheteur.

Deux sources affirment que la chaîne américaine a annoncé sa décision aux employés, dans une lettre au début du mois dernier. Karen Kaboudi, directrice des communications d'Omni Hotels, de Dallas, au Texas, a confirmé hier à La Presse Affaires la fermeture, le 10 décembre prochain.

«La décision s'explique par plusieurs facteurs, dont des difficultés d'exploitation», dit Karen Kaboudi. Une grève a perturbé l'Omni Mont-Royal il y a trois ans, lors de la dernière ronde de négociations dans l'hôtellerie. «La main-d'oeuvre fait partie des problèmes», a-t-elle dit.

La chaîne a mis en vente l'immeuble de son hôtel de 299 chambres depuis un bon moment déjà, mais elle «n'a toujours pas entamé de négociations» avec un acheteur éventuel, précise Karen Kaboudi. Omni Hotels n'a pas non plus de projet de construire ou d'acheter un autre établissement en ville: «Pour l'instant du moins, Omni Hotels quitte Montréal», dit-elle.

Pourtant, l'Omni Mont-Royal a finalement entrepris des négociations pour renouveler la convention collective de ses employés, déclare la directrice de l'hôtel, Brenda Rodricks, sans en dire davantage. William Brown, vice-président à la direction de l'Association des hôteliers du Grand Montréal, dit de son côté que l'Omni Mont-Royal n'a pas entrepris de négociations comme les autres hôtels, l'été dernier. L'industrie subit toujours quatre conflits de travail, soit deux grèves (Reine-Elizabeth, Sheraton Four Points) et deux lockouts (dont au Holiday Inn de Longueuil), ajoute Bill Brown.

Il n'a pas été possible d'en apprendre davantage de Jean Lortie, président de la Fédération du commerce affiliée à la CSN, qui négocie encore pour les employés syndiqués de l'hôtellerie.

On ne peut écarter que la fermeture annoncée de l'Omni Mont-Royal soit une tactique de négociations, affirme Michel Archambault, titulaire de la chaire de tourisme Transat de l'ESG-UQAM. Les employés touchent 25% de leurs pourboires annuels durant le temps des Fêtes, dit-il. Par contre, Bill Brown n'y croit pas, ni des hôteliers.

La chaîne Quatre Saisons, qui a d'abord exploité l'hôtel, a d'ailleurs quitté Montréal quand Omni a pris la relève, ce qui peut laisser croire à des difficultés d'exploitation. Et «l'Omni n'est pas facile à vendre, car il n'a pas de stationnement», souligne Bill Brown. Par contre, les chaînes Marriott et Hilton ont lancé plusieurs nouveaux hôtels récemment, y compris sous de nouvelles bannières, dit-il.

«C'est rare de fermer avant de vendre. Pourtant, le mois de septembre a donné un bon taux d'occupation de l'hôtellerie à Montréal et l'industrie a ainsi presque complètement rattrapé son retard du début de l'année. Par contre, la grève du Reine-Elizabeth soustrait près de 1000 chambres des disponibilités», précise Bill Brown.

L'Omni Mont-Royal demeure en bon état, selon Bill Brown, mais l'hôtel n'a pas vraiment profité de rénovations depuis son ouverture il y a 30 ans et en nécessiterait, enchaîne Michel Archambault. Des sources de l'industrie les évaluent à 30 millions de dollars.

Tout cela dans un contexte de difficultés de financement dans l'hôtellerie, surtout aux États-Unis, malgré ce que peut laisser croire le déferlement d'une vague d'ouvertures d'hôtels à Montréal au cours des dernières années. Un Westin va ouvrir bientôt dans l'ex-immeuble de The Gazette et dans une nouvelle tour adjacente, ce qui peut pousser encore les autres à rénover, comme l'a fait le Hilton Bonaventure, qui a misé 8 millions.

«Il y a beaucoup de chantiers à ouvrir dans l'hôtellerie, non seulement à Montréal, mais aussi à Québec et en province. Car comme nos autoroutes, nos hôtels sont souvent fatigués», déclare Michel Archambault.

Le resserrement du crédit n'aide pas. Aux États-Unis d'abord, puis à Montréal, des hôtels ont vendu des condos pour financer en partie leurs travaux (le Saint-Sulpice, le Crystal de la Montagne, le Ritz-Carlton), tout comme le Groupe Germain, à Calgary et Toronto.