Le rejet du plan de sauvetage par la Chambre des représentants est «le reflet du gouffre qui sépare les financiers de Wall Street et du peuple américain».

Le rejet du plan de sauvetage par la Chambre des représentants est «le reflet du gouffre qui sépare les financiers de Wall Street et du peuple américain».

Voilà une phrase peu banale qui n'est pas tirée d'un bouquin sur la société américaine, mais bien d'une note de Jeff Rubin, économiste en chef de Marchés Mondiaux CIBC.

En bon français, le stratège entrevoit dans ce rejet du plan Paulson un clash immense entre Wall Street et la Main Street – ce qui désigne la population américaine.

Mais selon M. Rubin, la «Main Street» appuiera probablement le plan à partir du moment où elle ressentira directement les effets désastreux la crise bancaire.

«Malgré la liste de plus en plus longue de banques qui ont dû déclarer faillite aux États-Unis et l'augmentation des écarts de crédit, (...) la crise qui touche Wall Street n'a pas encore eu de répercussions importantes sur l'Américain moyen», affirme-t-il.

Jusqu'à maintenant, la population n'a pas trop souffert de la crise en cours alors que les pertes d'emplois et de production industrielle sont minimes jusqu'à maintenant.

En bref, sans une détérioration marquée du taux de chômage ou de la croissance du PIB, le peuple américain pourrait bien demeurer indifférent aux malheurs de Wall Street, pense Jeff Rubin.

Le temps presse pour adopter le plan

Mais les craintes du stratège de CIBC concernent la durée de temps qu'il faudra avant que «l'américain moyen» subissent les effets de la crise. Car dans l'intervalle il n'est pas sûr que «le système financier ne soit en mesure de surnager assez longtemps».

C'est pourquoi le plan doit être mis en place «dès maintenant», selon l'économiste.

Dans sa note, Jeff Rubin n'est pas tellement tendre envers les parlementaires américains – Républicains en majorité – qui ont voté contre le plan Paulson de 700 G$ visant à calmer les marchés financiers en avalant les produits financiers toxiques des marchés.

«En cédant au scepticisme de l'Américain moyen, les membres du Congrès ont rejeté le plan (...), laissant le système financier de leur pays, voire du monde entier, exposé à de nouvelles baisses de prix sur le marché de l'habitation aux États-Unis», écrit-il dans sa note.