La crise financière frappe les résultats du Mouvement Desjardins, en dépit de la bonne tenue relative de son réseau de caisses.

La crise financière frappe les résultats du Mouvement Desjardins, en dépit de la bonne tenue relative de son réseau de caisses.

Le géant coopératif québécois a vu son bénéfice net (excédent) basculer de 40%, à seulement 149 millions de dollars, au troisième trimestre terminé le 30 septembre, par rapport à l'an dernier.

Principale raison: les pertes sur placements et les dépréciations de titres financiers, dont les papiers commerciaux adossés (PCAA), ont charcuté les bénéfices de Desjardins dans l'assurance et les marchés financiers.

Aussi, pour parer à la menace de récession, Desjardins a rehaussé à 68 millions sa provision pour pertes sur mauvais prêts au troisième trimestre. C'est presque 20% de plus que la moyenne de 50 millions par trimestre.

«Les résultats de ce trimestre (troisième) ont été réalisés dans un contexte de crise financière qui a touché l'ensemble des marchés. (...) Notre performance globale, depuis le début de l'année, s'en trouve affectée», a indiqué la présidente de Desjardins, Monique F. Leroux, par voie de communiqué.

Elle s'est abstenue de commenter les résultats de vive voix, étant retenue en «conseil de direction» toute la journée, a-t-on indiqué à La Presse Affaires.

D'ailleurs, les dirigeants de Desjardins ont amorcé une révision majeure de son plan d'affaires pour les trois prochaines années. Il fera l'objet d'un congrès spécial, l'été prochain.

Mais dans l'immédiat, Desjardins doit s'affairer à limiter l'impact de la crise financière et de la récession appréhendée sur ses résultats.

«Nous étions déjà en contrôle serré des coûts. Donc, pas besoin d'un plan de réduction d'effectifs, par exemple», a indiqué André Chapleau, principal porte-parole de Desjardins, en faisant allusion aux licenciements massifs dans les banques américaines.

Chute accentuée

N'empêche, la chute de 40% du bénéfice trimestriel annoncée hier par Desjardins est beaucoup plus accentuée que celle attendue bientôt dans les grandes banques canadiennes.

Ces banques, dont la Nationale, principale concurrente de Desjardins, divulgueront à partir de la semaine prochaine les résultats de leur quatrième trimestre de 2008, clos le 31 octobre.

Ce trimestre bancaire diffère d'un mois de celui de Desjardins et il englobera la rechute boursière d'octobre.

Après avoir encore révisé leurs attentes, les analystes anticipent une baisse moyenne de 4% des profits des banques au quatrième trimestre.

Même la Nationale pourrait s'en tirer avec un profit trimestriel stable ou à peine réduit. Mais à condition d'éviter d'autres dévaluations importantes de titres financiers détenus.

C'est d'ailleurs ce qui a nui le plus au bénéfice de Desjardins au troisième trimestre: 94 millions en dévaluation supplémentaire sur les papiers commerciaux adossés (PCAA), 25 millions radiés en produits dérivés de crédit (CDO) à la Caisse Centrale Desjardins.

Pour les seuls PCAA, dont Desjardins a encore pour 2,1 milliards à son bilan, la dévaluation totale depuis le gel de ce marché en août 2007 totalise 568 millions.

Cette somme se partage en deux portions: 276 millions radiés au terme de l'exercice 2007, 292 millions radiés au cours des trois premiers trimestres de 2008.

Desjardins risque-t-il d'autres dévaluations des PCAA viciés?

«Il faudrait être un devin financier pour répondre à ça. À tout le moins, le marché des PCAA est en relance. C'est possible que ces titres récupèrent une bonne partie de leur valeur à moyen terme», selon André Chapleau.

Les assurances calent

Entre-temps, les résultats trimestriels de Desjardins différent selon ses secteurs d'activité.

La principale assise du géant coopératif -le réseau des caisses- a encore augmenté son bénéfice de 10% au troisième trimestre, comparé à l'an dernier. Toutefois, cette croissance était ralentie par rapport au gain cumulatif de 21% au cours des trois premiers trimestres. Par ailleurs, la bonne tenue des caisses n'a pu empêcher un recul de 23% du bénéfice des activités auprès des «particuliers et entreprises», au troisième trimestre et au cumulatif pour 2008.

En comparaison, la chute de rentabilité fut beaucoup plus prononcée dans les activités de Desjardins dans les assurances, très affectées par la crise financière.

En assurances personnelles, le bénéfice a calé de 57% au troisième trimestre par rapport à l'an dernier. Il est aussi en recul de 30% depuis le début de l'exercice.

En assurances de dommages, le bénéfice de Desjardins a fondu de 44% au troisième trimestre comparé à l'an dernier. C'était toutefois moins accentué que le recul cumulatif de 67% au cours des neuf premiers mois.

Enfin, la filiale boursière du géant coopératif, Valeurs mobilières Desjardins (VMD), se retrouve encore tachée d'encre rouge.

Un autre déficit de 7 millions au troisième trimestre gonfle sa perte cumulative en 2008 à 10 millions, ce qui représente un revirement négatif de 26 millions par rapport à l'an dernier.