Le CRTC décidera aujourd'hui si les chaînes de télévision généralistes auront droit aux revenus des abonnements au câble. Si le CRTC leur permet de puiser dans les lucratives redevances du câble, la facture des abonnés du câble pourrait augmenter de jusqu'à 10$ par mois.
Le CRTC décidera aujourd'hui si les chaînes de télévision généralistes auront droit aux revenus des abonnements au câble. Si le CRTC leur permet de puiser dans les lucratives redevances du câble, la facture des abonnés du câble pourrait augmenter de jusqu'à 10$ par mois.
Contrairement aux chaînes de télévision spécialisées - RDS, Musique Plus, VRAK.TV, pour ne nommer que celles-là -, les chaînes de télévision conventionnelles sont diffusées gratuitement sur le câble. Radio-Canada, TVA et TQS tirent uniquement leurs revenus de la publicité diffusée sur leurs ondes (en plus des deniers publics pour la télé d'État).
Or, le marché publicitaire délaisse peu à peu la télé conventionnelle au profit des chaînes spécialisées et de l'internet.
«Le modèle de financement de la télé conventionnelle basé sur la publicité ne fonctionne plus, dit Steve Guiton, vice-président des affaires réglementaires de Radio-Canada. L'an dernier, Radio-Canada et CBC ont constaté une diminution de 8% de leurs revenus publicitaires. À la télévision publique, la publicité représente la moitié de nos revenus. Si nous voulons grandir, nous devons trouver d'autres sources de revenus.»
Même son de cloche chez Global, une chaîne conventionnelle privée. «Le modèle de financement de la télévision conventionnelle est brisé», dit le vice-président aux affaires publiques, John Douglas.
Devant l'urgence de la situation, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a convoqué des audiences sur l'ensemble de la réglementation de l'industrie en avril dernier. Les audiences ont duré presque un mois. Le principal sujet de discussion : le partage des redevances du câble avec les chaînes de télévision conventionnelles. Le CRTC rendra sa décision aujourd'hui à 16 h à Gatineau.
Selon Radio-Canada, il s'agit de la décision la plus importante du CRTC depuis plusieurs années. «C'est une décision fondamentale car elle touche tous les aspects de la télévision, dit Steve Guiton. Les câblodistributeurs, les diffuseurs par satellite, les télés spécialisées et les télés conventionnelles : tout le monde sera touché.»
Solutions variées
Les chaînes de télévision conventionnelles ont plaidé en faveur d'un nouveau système de partage des redevances au câble devant les commissaires du CRTC. Elles ne s'entendent toutefois pas sur la solution.
Comme la plupart des diffuseurs privés, Quebecor Média (TVA) ne veut pas que Radio-Canada et CBC profitent de cette nouvelle source de revenus. L'empire Péladeau favorise des redevances négociées entre les distributeurs et les diffuseurs. Sa filiale TVA négocierait ainsi avec les distributeurs, incluant Vidéotron, une autre des filiales de Quebecor Média.
De son côté, Radio-Canada propose plutôt d'imposer de nouvelles obligations en matière de contenu aux chaînes conventionnelles désirant profiter des revenus du câble. «Nous ne voulons pas être payés pour rien faire de nouveau, dit Steve Guiton. Les télés conventionnelles privées, elles, disent plutôt : donnez-nous l'argent, et on va faire ce qu'on veut.»
Durant les audiences du CRTC, les chaînes de télévision spécialisées se sont vigoureusement opposées à un partage des abonnements du câble avec les télés conventionnelles. Les distributeurs comme Rogers et Shaw Communications ont aussi manifesté leur désaccord avec l'idée d'un nouveau partage des redevances du câble. S'ils doivent commencer à payer pour diffuser les chaînes conventionnelles, les distributeurs ont promis de refiler la facture aux consommateurs. L'Association canadienne des radiodiffuseurs - qui regroupe autant les chaînes conventionnelles que spécialisées - estime que la facture des abonnés pourrait augmenter d'entre 4$ et 10$ à Montréal et à Toronto.
La plupart des entreprises de télécommunications ont préféré garder le silence à la veille de l'annonce de la décision du CRTC. Quebecor Média, Astral, CTV, Rogers et TQS et l'Association canadienne des radiodiffuseurs ont notamment décliné les demandes d'entrevue de La Presse Affaires.
Petite histoire des ondes
1901
Premier signal radio transatlantique au Canada (un code morse entre l'Angleterre et Terre-Neuve)
1936
Fondation de CBC et de Radio-Canada, dont les activités se limitent alors à la radio
1951
Le gouvernement fédéral autorise CBC et Radio-Canada à emprunter 4,5 millions afin de créer deux réseaux de télévision
1952
Début de la télévision canadienne avec la mise en ondes de Radio-Canada
Apparition du premier câblodistributeur au Canada, à London, en Ontario
1955
La moitié des foyers au Canada possèdent une télévision
1958
Création du Board of Broadcast Governors (BBG), le premier organisme de réglementation de l'industrie de la télévision et l'ancêtre du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC)
1960
Première décision d'importance du BBG, qui accorde huit licences de chaînes de télévision
1961
Fondation de TVA (alors Télé-Métropole) et de CTV
1964
Fondation du câblodistributeur Vidéotron
1966
Apparition de la télévision en couleur
1968
Création du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC)
Fondation de Télé-Québec (alors Radio-Québec)
1970
Première décision d'importance du CRTC, qui oblige les chaînes de télévision à diffuser 60% de contenu canadien
1974
Fondation de Global
1984
Apparition des premières chaînes de télévision spécialisées (MuchMusic, TSN, TeleLatino et Chinavision)
1986
Fondation de TQS
1995
Fondation du Réseau de l'information (RDI), le premier réseau francophone d'information continue au Canada
1997
Création de Bell Express Vu, le premier distributeur de télévision par satellite
2000
Le CRTC établit le système de partage des redevances des revenus du câble pour les chaînes de télévision spécialisées
2008
Décision du CRTC sur le partage des redevances des revenus du câble pour les chaînes de télévision généralistes
Sources : CRTC et Fondation des communications canadiennes