Les grandes villes canadiennes devront parler davantage d'économie au cours des prochaines décennies si elles veulent tirer leur épingle du jeu de la mondialisation.

Les grandes villes canadiennes devront parler davantage d'économie au cours des prochaines décennies si elles veulent tirer leur épingle du jeu de la mondialisation.

«À l'ensemble de la planète, on ne parle plus d'une lutte entre les pays, mais bien entre les villes», a soutenu hier l'économiste Mario Lefebvre du Conference Board en marge d'une conférence prononcée devant les représentants du C-9 (soit les neuf régions métropolitaines les plus prospères du pays) réunis dans la capitale.

L'économiste s'intéresse depuis quelques années aux carrefours économiques (hub cities) que sont devenus les grandes villes du pays. Il soutient que les maires doivent maintenant s'atteler au développement économique tout en demandant leur juste part aux gouvernements fédéral et provincial.

«Elles n'ont plus le choix, les villes devront prendre les devants, avoir un agenda précis et travailler sur des enjeux essentiels si elles veulent atteindre leur plein potentiel», a fait savoir l'économiste.

Selon ce dernier, l'abandon du fédéral de secteurs-clés de l'économie devrait pousser les politiciens municipaux à s'investir davantage, par exemple, dans les travaux d'infrastructures, l'immigration, la formation de la main-d'oeuvre, la reconnaissance des diplômes ou encore la construction de logements abordables sur leur territoire.

Immigration

«Au Canada, en raison du vieillissement de la population, la croissance économique future des grandes villes dépendra de l'immigration. Alors ceux qui ne se préoccuperont pas de cette réalité vont se retrouver en queue de peloton», a fait valoir M. Lefebvre.

L'économiste signale que l'émergence des économies de la Chine et de l'Inde aura également un impact significatif sur le flux de l'immigration mondiale au cours des prochaines années. En somme, moins d'immigrants seront disponibles alors qu'une concurrence féroce naîtra entre les villes pour obtenir les meilleurs candidats.

Et le Canada dans tout cela? L'économiste reconnaît que le gouvernement de Stephen Harper traîne de la patte. «Mais il n'est jamais trop tard pour prendre de l'avance», assure-t-il.

Le fédéral aurait ainsi tout avantage à s'asseoir avec les grandes villes afin de leur assurer un financement adéquat et ponctuel. «On ne dit pas d'augmenter les impôts, mais bien de répartir d'une façon différente l'argent des contribuables. Au lieu de baisser la TPS d'un point de pourcentage, pourquoi ne pas transférer le tout aux villes?» poursuit M. Lefebvre.

Chez PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, on reconnaît que la vision actuelle du fédéral n'est pas au diapason avec celle des grandes villes. «On assiste actuellement à un désengagement du fédéral et c'est très inquiétant. Personne ne semble vouloir reconnaître le rôle-moteur que jouent les centres urbains dynamiques», souligne le président, Paul-Arthur Huot.

Ottawa a notamment annoncé récemment qu'elle couperait son aide financière aux organismes régionaux chargés de développement économique un peu partout au pays.

Dans le cas de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, l'aide du fédéral sera coupée à partir de 2010. «Nous sommes la seule organisation dans la région de Québec qui joue un rôle de soutien aux exportateurs. Alors si nous, on disparaît, qui va offrir cette expertise aux entreprises?» se demande M. Huot.