Où est passé l'argent des Gilles Latulippe, Placide Poulin et autres investisseurs? Essentiellement, il a été englouti dans un ambitieux projet de service aérien, à Dorval, qui s'est avéré un désastre, selon l'enquête de La Presse Affaires.

Où est passé l'argent des Gilles Latulippe, Placide Poulin et autres investisseurs? Essentiellement, il a été englouti dans un ambitieux projet de service aérien, à Dorval, qui s'est avéré un désastre, selon l'enquête de La Presse Affaires.

Hastings Aviation s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite en août 2001, à peine deux ans après son lancement. Dans cette affaire, les investisseurs ont perdu 13 M$. Quant aux créanciers, ils n'ont récupéré que 1,6% des 10 M$ qu'ils réclamaient, selon les documents du syndic (4).

Hastings Aviation tentait de louer ses jets aux acteurs et aux PDG d'entreprises, mais également aux clients désirant un service ambulancier aérien.

Avant d'être injecté dans Hastings Aviation, l'argent de la plupart des investisseurs a été canalisé dans des fiducies situées dans des paradis fiscaux, dont la Barbade, selon notre enquête.

Ces fiducies, notamment Crystal Ontrack et Chatham Trading, avaient Luc Verville comme fondé de pouvoir ou représentant, selon les témoignages recueillis et les nombreux documents dont nous avons copie (1 à 7).

Le syndic attribue les déboires de Hastings Aviation à un plan d'affaires beaucoup trop optimiste. L'argent des investisseurs a notamment servi à combler les énormes pertes de 9,2 millions sur deux ans.

Le consultant Pierre Morency voit les choses autrement. Celui que Luc Verville a embauché pour le représenter devant les créanciers affirme que Luc Verville et son équipe «dépensaient l'argent sans compter».

«Les investisseurs se sont fait flouer, dit-il au téléphone. Par en arrière, qui en a profité? Luc Verville, entre autres, qui drainait l'argent pour payer son train de vie.»

Maison de plus d'un million de dollars, chalet dans les cantons de l'Est, Mercedes 500, montres Breigtling avec diamants, Luc Verville ne se privait de rien, affirme Pierre Morency.

Luc Verville n'est pas sorti indemne de cette affaire. Le fiasco de Hastings Aviation l'a obligé à déclarer faillite, le 31 octobre 2003. Il s'agissait de sa deuxième faillite personnelle, après celle de 1992 (14).

Dans son bilan de faillite de 2003, Luc Verville déclare qu'il ne détient plus rien, sauf un dépôt de 1000$.

Certes, il vit dans une belle maison de campagne, sur le bord du Lac Lovering, à Magog. Mais la propriété ne lui appartient pas, elle est plutôt détenue par la Fiducie Bergeron-Verville, gérée par Luc Verville et sa conjointe, Marie-Josée Bergeron (15).