Le Mouvement Desjardins a obtenu l'admission au programme fédéral de soutien des grands prêteurs canadiens, annoncé jeudi dernier, pour les aider à traverser la crise financière.

Le Mouvement Desjardins a obtenu l'admission au programme fédéral de soutien des grands prêteurs canadiens, annoncé jeudi dernier, pour les aider à traverser la crise financière.

Toutefois, parce que le géant coopératif est de compétence provinciale, et non fédérale comme les banques, c'est le gouvernement du Québec qui assumera le risque de perte de ce programme temporaire de garantie des prêts interbancaires.

Et si Desjardins devait s'en prévaloir au maximum admissible, selon le montant de ses dépôts, c'est un passif additionnel jusqu'à 20 milliards de dollars qui pourrait s'ajouter au bilan du gouvernement du Québec, pour les trois prochaines années.

Malgré ce risque, en cas de gros problèmes chez Desjardins, la ministre québécoise des Finances, Monique Jérôme-Forget, a vanté cette aide spéciale au géant coopératif comme le fruit d'une «collaboration dans un but commun» entre Québec et Ottawa.

«Desjardins pourra continuer à mobiliser des fonds sur les marchés de gros (des capitaux) pour les prêter aux consommateurs, aux ménages et aux entreprises du Québec», a indiqué la ministre dans un communiqué.

Son vis-à-vis fédéral, Jim Flaherty, s'est déclaré pour sa part «heureux d'offrir à la Caisse (centrale Desjardins) la possibilité de bénéficier de la cote de crédit AAA du gouvernement du Canada. Cette mesure prévient le risque de désavantager Desjardins par rapport aux autres institutions financières canadiennes».

À la haute direction de Desjardins, on était évidemment satisfait de cette admission rapide au programme fédéral, malgré la compétence distincte de niveau provincial.

«Même si nous ne prévoyons pas y recourir immédiatement, cette aide nous permet d'être au même niveau que les principales institutions financières au Canada. Après tout, nous sommes sixièmes en importance au Canada et premiers au Québec», a indiqué André Chapleau, principal porte-parole du Mouvement Desjardins.

N'empêche, pour les banques comme la Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]], principale concurrente de Desjardins au Québec, c'est le gouvernement fédéral qui garantira leurs nouveaux titres de dette interbancaires émis au cours des six prochains mois.

Cette garantie financière temporaire, avec surprime spéciale aux institutions, a été mise en place par Ottawa afin de préserver l'accès des institutions financières canadiennes à des taux d'intérêt concurrentiels, en dépit de la crise financière.

Cette garantie fédérale s'ajoute au programme de rachat de prêts à risque et assurés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) qui a été annoncé par Ottawa il y a deux semaines, jusqu'à concurrence de 25 milliards.

En comparaison, la garantie spéciale sur les prêts interbancaires est prévue du début de novembre jusqu'au 30 avril 2009. Elle est accessible jusqu'à concurrence de 20% des dépôts des institutions prêteuses au 1er octobre dernier, selon les modalités de la Facilité canadienne d'assurance aux prêteurs annoncées par Ottawa.

Ainsi, l'encours de cette garantie fédérale pourrait s'élever jusqu'à 200 milliards, selon les 1090 milliards en dépôts comptabilisés récemment dans les banques canadiennes.

Appliquée au Québec, la garantie équivalente du gouvernement provincial qui sera fournie à la principale instance financière du Mouvement Desjardins -la Caisse centrale Desjardins- pourrait s'élever jusqu'à 20 milliards.

Dans ses plus récents états financiers trimestriels, Desjardins déclarait 101,8 milliards de dollars en dépôts de ses clients: particuliers, entreprises et gouvernements.