Le constructeur automobile japonais Honda a fait état mercredi de sombres pronostics pour les mois à venir, frappé comme tous les acteurs de son secteur par la débâcle mondiale, qui le force à lever encore le pied après l'avoir déjà conduit à abandonner la Formule 1.

Le constructeur automobile japonais Honda a fait état mercredi de sombres pronostics pour les mois à venir, frappé comme tous les acteurs de son secteur par la débâcle mondiale, qui le force à lever encore le pied après l'avoir déjà conduit à abandonner la Formule 1.

Preuve que tout va mal, Honda a révisé mercredi en forte baisse, et pour la deuxième fois en quelques semaines, ses prévisions de résultats financiers annuels et ses perspectives de ventes.

Après avoir annoncé il y a quelques jours sa sortie des circuits de Formule 1, il freine à présent des deux pieds pour stopper les dépenses non prioritaires.

«Le marché mondial des véhicules, particulièrement celui des automobiles, se contracte rapidement, cela s'aggrave de jour en jour», a déploré, lors d'une conférence de presse, Takeo Fukui, patron de Honda, une marque également connue pour ses motos.

Et le même, triste mine, de dresser une interminable liste de suspensions, réductions, reports, suppressions, changements de braquet:

- «L'infrastructure de test que nous prévoyions d'ouvrir en 2010 ne le sera qu'en 2011»;

- «L'usine de Saitama ne démarrera pas à la date envisagée»;

- «L'augmentation de la production en Turquie et en Inde est différée»;

- «Nous renonçons au lancement prévu en 2010 au Japon des modèles de luxe Acura», etc.

Le moteur de Honda est grippé par la cohorte de calamités engendrées successivement par la flambée des cours du pétrole et des matières premières, en début d'année, et par la crise financière qui a depuis dégénéré en récession dans les pays riches.

Le groupe, fondé après la guerre par le vénéré capitaine d'industrie Soichiro Honda, pensait en début d'exercice pouvoir vendre 4 millions de voitures dans le monde au cours des douze mois d'avril 2008 à mars 2009. Il sait désormais que cette barre symbolique ne sera pas franchie.

Honda, qui dit «commencer à voir les effets de la crise dans les pays émergents», incapables de combler le manque à gagner enduré par ailleurs, ne prévoit plus qu'un volume de vente de 3,65 millions d'unités au cours de l'exercice budgétaire, soit 275 000 de moins que l'an passé.

Outre la chute des ventes de véhicules, Honda subit durement, comme toutes les firmes exportatrices nippones, l'impressionnante hausse du yen, elle-même consécutive à la crise.

Face à ce cortège d'adversités, le PDG du groupe prône une stratégie de «concentration des investissements vers les projets et technologies de rupture porteurs d'avenir», parmi lesquels figure en premier lieu le développement de composants et mécanismes avancés pour véhicules hybrides.

«Il faut trouver le moyen de réduire autant que faire se peut les conséquences néfastes sur les ventes de voitures des très amples variations des cours des hydrocarbures, afin de nous garantir une croissance durable», et «favoriser le plus rapidement possible l'adoption de voitures propres, hybrides en particulier», notamment en proposant des modèles à des prix plus abordables pour le grand public, a insisté M. Fukui.

Le groupe a annoncé dans la foulée la création d'une coentreprise de développement, production et vente de batteries lithium-ion spécifiquement pour ce type de véhicules.

«Dans ces circonstances très difficiles», Honda n'espère désormais plus qu'un bénéfice net annuel de 185 milliards de yens (2,5 G$ CAN), contre 485 milliards encore envisagés en octobre.

Son chiffre d'affaires devrait plafonner à 10 400 milliards de yens (142 G$ CAN) contre 11 600 milliards escomptés auparavant.

D'après les estimations chiffrées rendues publiques mercredi, le numéro deux japonais s'apprêterait à perdre de l'argent au cours du deuxième trimestre de l'exercice.