Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement, Richard Guay, ne sera pas de retour à son poste cette semaine comme prévu, ce qui alimente les rumeurs de son éventuel remplacement à la tête de la plus importante caisse de retraite au Canada.

Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement, Richard Guay, ne sera pas de retour à son poste cette semaine comme prévu, ce qui alimente les rumeurs de son éventuel remplacement à la tête de la plus importante caisse de retraite au Canada.

Le congé de maladie de Richard Guay est prolongé jusqu'au 5 janvier 2009, a fait savoir hier le président du conseil d'administration de la Caisse, Pierre Brunet, dans un communiqué laconique. «Tous les dossiers continuent de suivre leur cours normalement sous la direction intérimaire de M. (Fernand) Perreault.»

Richard Guay, 47 ans, était le bras droit de l'ancien grand patron, Henri-Paul Rousseau, avant de le remplacer en septembre dernier. Il souffre d'épuisement et il est absent depuis le 12 novembre dernier. Il pourrait être un bouc émissaire commode à qui faire porter la responsabilité d'un rendement qui s'annonce désastreux en 2008, croient plusieurs observateurs. Son remplacement pourrait aussi redonner confiance aux déposants de la Caisse de dépôt, qui paieront la note.

C'est une possibilité qui ne fait pas l'unanimité. «C'est sûr que le capitaine d'un navire est responsable de ce qui se passe», estime Michel Nadeau, ancien dirigeant de la Caisse de dépôt et directeur de l'Institut sur la gouvernance.

Mais il ne serait pas juste d'imputer à Richard Guay tous les malheurs de la Caisse depuis son arrivée il y a 10 ans, selon lui. «Tout dirigeant est l'héritier du bilan de ses prédécesseurs, précise Michel Nadeau. Son bilan à lui (Richard Guay) démarre.»

Ce démarrage est plutôt difficile, tout le monde en convient. En plus d'être le plus important détenteur de papier commercial vicié au Canada, la Caisse de dépôt doit se débattre avec une crise sans précédent sur les marchés financiers.

Quoi qu'il arrive, la direction de la Caisse devra rendre des comptes, estime Jean Bédard, professeur à la faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval. La décision d'investir massivement dans le papier commercial a été une erreur et ce ne sont pas toutes les caisses de retraite qui l'ont fait.

La décision de remplacer ou non M. Guay à la tête de la Caisse de dépôt sera prise par le conseil d'administration de la Caisse. Les candidats potentiels à ce poste difficile ne sont pas légion, ce qui pourrait jouer en sa faveur.

S'il reste, Richard Guay «aura une côte à remonter», estime Michel Nadeau. Il ne peut pas être tenu responsable de la dégringolade des marchés financiers, mais il peut l'être de la décision d'investir massivement dans le papier commercial, dit-il.

Des primes à rembourser ?

La Caisse de dépôt a réduit de seulement 15% la valeur de ses investissements dans le papier commercial à risque en 2007 et tout indique qu'elle devra encaisser d'autres dévaluations en 2008, comme l'ont fait les autres détenteurs, comme la Banque Nationale et Desjardins.

Si c'est le cas, les dirigeants de la Caisse ne méritaient pas les primes de performance qu'ils ont reçues en 2007, estiment plusieurs observateurs, dont la commentatrice du National Post, Diane Francis.

Même si c'est le cas, il est peu probable que les dirigeants remboursent ces primes, croit le professeur Jean Bédard. Aux États-Unis, des dirigeants ont remboursé leurs primes seulement lorsque les états financiers de leur entreprise ont dû être corrigés rétroactivement.

Ce n'est pas le cas à la Caisse de dépôt, où le montant à radier a été estimé au meilleur des connaissances disponibles à la fin de 2007. Le montant des radiations peut être augmenté par la suite, et si c'est le cas, les primes des dirigeants pour 2008 devraient être réduites en conséquence, estime Jean Bédard.

Le mode de rémunération des dirigeants fonctionne mieux quand ça va bien, constate-t-il. Quand ça va bien, ils s'en donnent le crédit mais quand ça va mal, c'est parce que le marché est mauvais.

Michel Nadeau remarque que les dirigeants de banque n'ont pas été pénalisés pour leurs mauvais investissements. Leur rémunération, qui sera connue au début de 2008, sera probablement en baisse par rapport à l'exercice précédent mais aucun n'a perdu son poste.