TQS a annoncé mercredi la suppression progressive de son service de l'information. 270 personnes vont perdre leur emploi d'ici l'automne. Un geste dénoncé tant par les politiciens que le grand public.

TQS a annoncé mercredi la suppression progressive de son service de l'information. 270 personnes vont perdre leur emploi d'ici l'automne. Un geste dénoncé tant par les politiciens que le grand public.

Au coeur de la controverse, Maxime et Julien Rémillard, ont choisi de garder le silence et d'encaisser les coups.

Vendredi après-midi, visiblement ébranlé par les critiques à son endroit, Maxime Rémillard a contacté La Presse pour donner sa version des faits. Le jeune producteur était tendu et nerveux lorsqu'il nous a reçu dans les bureaux de sa compagnie, Remstar.

«TQS est sur son lit de mort, présentement. Ce n'est pas nous qui l'avons amené là», s'est-il défendu. Une heure plus tard, son frère aîné, Julien, s'est joint à la conversation.

La Presse: Dans la requête que vous avez présentée au CRTC cette semaine, vous demandez à ne pas avoir l'obligation de diffuser de bulletin d'information jusqu'en 2015. Pourquoi?

Maxime Rémillard: Le CRTC exige de faire de la programmation avec un reflet local. Dans nos marchés comme Québec, Saguenay, Trois-Rivières, et Sherbrooke, on demande un aspect local. Historiquement, cela se faisait avec les nouvelles.

Nous, ce que l'on demande au Conseil, c'est de le faire de manière différente. On veut rester dans nos régions, on croit à nos régions et on veut faire une programmation avec un reflet local. On veut travailler avec les gens de ces régions-là, les producteurs indépendants locaux, afin de leur offrir une programmation à reflet local.

Un contenu local?

Oui. C'est dans nos obligations de faire un contenu local. Il n'a jamais été question de ne plus être présent dans les régions. Les gens ont la conception que l'on veut diffuser en région et aller chercher les revenus publicitaires. Ce n'est pas notre plan d'affaires. On va faire 5h30 à Québec, par exemple.

Eh bien, cela va être autre chose que de l'information. On croit qu'il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande d'information, et que c'est un modèle d'affaires, pour l'information à TQS, qui ne fonctionne pas et n'est pas rentable.

270 employés ont perdu leur emploi mercredi. Était-ce nécessaire de faire des coupes si radicales?

Mais l'entreprise, ce n'est pas nous qui l'avons mise en faillite. Elle a été mise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers par les précédents actionnaires. Nous avons hérité de cette situation-là.

Personnellement, mon frère et moi trouvons cela très difficile de mettre à pied 270 personnes. Ce n'est pas quelque chose que l'on fait de gaieté de coeur. On n'a jamais à faire de coupes massives comme ça dans nos entreprises. Mais c'est essentiel à la survie de TQS.

Cette entreprise, on s'est donné comme mandat de la restructurer. Ce qu'on voit, c'est que nous sauvons 209 emplois. Notre but, c'est de sauver l'entreprise, de sauver l'antenne. De lui permettre de diffuser un produit culturel québécois, un contenu québécois.

Vous passiez pour les sauveurs lors de l'annonce de l'offre d'achat. La suppression du service de nouvelles a suscité une levée de boucliers. Comment vivez-vous ce renversement?

C'est sûr qu'on savait que la décision d'abandonner l'information serait difficile. Il y a des pertes d'emploi liées à cela, et mon frère et moi y sommes très sensibles. Nous sommes de jeunes entrepreneurs: j'ai 33 ans, mon frère 35 ans, cela fait 11 ans que Remstar existe.

On a toujours fait des produits de qualité dans le cinéma. Quand je fais des films québécois, j'investis mon propre argent là-dedans. On est défenseurs de la culture québécoise. TQS est une diversification naturelle pour nous. On se retire peut-être de l'information, mais on va investir davantage dans la production indépendante québécoise.

Je respecte la décision des différents partis politiques par rapport à notre décision d'affaires, mais l'entreprise perd 18 millions cette année. Le service de l'information, dans le marché actuel, est déficitaire.

Est-ce que cela veut dire que TQS ne va plus être une chaîne généraliste?

Non, TQS va demeurer une chaîne généraliste. Mais on va revoir le modèle.

Est-ce qu'il y aura plus de téléréalité?

Ce sera une programmation plus événementielle afin d'augmenter l'interaction avec le public.

D'après les documents déposés au CRTC, vous désirez faire de l'information artistique, culturelle, à Montréal et en région. Quelle forme cela prendra-t-il?

Julien Rémillard: C'est de l'information redéfinie.

Maxime Rémillard: Prenez la radio. Elle fait de l'information, mais de manière différente.

Julien: Je pense que vous l'avez vu, il n'est pas question que le contenu canadien soit diminué. On est complètement au courant que c'est réglementé. On respecte le contenu local. Au contraire, la production locale va peut-être prendre plus de place. Les gens ont peur de ça pour rien.

Question: Ne craignez-vous pas, avec la suppression du service de l'information, de perdre la licence du CRTC?

Maxime Rémillard: On va respecter nos engagements et nos obligations. On va continuer à produire dans les régions, et du contenu local, afin de desservir nos communautés.

Question: Une autre échéance arrive pour TQS dans les prochaines années: le passage à la Haute Définition. Pensez-vous que TQS sera en mesure de prendre ce virage?

Julien Rémillard: TQS, en tant que tel ne sera pas prêt. On s'entend, il n'y a aucun profit. Mais nous, on s'engage à faire un investissement pour prendre le virage, c'est sûr et certain. On parle de l'ordre de 25-30 millions qui vont devoir être injectés à court terme pour relancer tout cela.

Question: Pauline Marois a dit, à la suite de votre annonce, qu'il faudrait transférer les pouvoirs du CRTC, du fédéral, au provincial. Pensez-vous que cela soit une bonne idée?

Maxime Rémillard: On travaille très fort dans la relance (...) Mais on aimerait ne mieux pas commenter. On veut mettre l'entreprise sur des bases financières solides.

Question: Si vous allez refaire de l'information et du local, pourquoi ne pas l'avoir annoncé en même temps que la suppression de l'information? Tout le monde craint que TQS ne devienne qu'un réseau avec des émissions américaines doublées...

Maxime Rémillard: Ça, c'est la perception des choses, mais notre plan n'a jamais été de faire de TQS un réseau qui ne passe que des émissions américaines et ne reflète pas notre diversité (...) On est commis envers notre culture québécoise. On a un engagement, on fait des choses de qualité. On va continuer dans cette direction-là. Cela va être un reflet de nos autres activités.

Julien Rémillard: L'hôtel St-James (que possèdent les frères Rémillard, NDLR), personne ne m'a dit que c'est cheap. Nous, on n'est pas cheap! On n'est pas là pour faire des choses à rabais, on est là pour faire des choses à succès (...) Notre programmation va surprendre tout le monde. Et cela va rassurer tout le monde. On ne s'en va pas décapiter TQS.