À Deschambault-Grondines, comté de Portneuf, l'usine est considérée comme une bénédiction.

À Deschambault-Grondines, comté de Portneuf, l'usine est considérée comme une bénédiction.

À commencer par les quelque 600 employés, qui peuvent y gagner honorablement leur vie. Le salaire annuel moyen tourne autour de 75 000$ et ceux qui font des heures supplémentaires gagnent facilement 100 000$ par année.

Sylvie Hamelin, née à Deschambault, a laissé un emploi de préposée dans un foyer pour personnes âgées pour travailler à l'usine. Ça a été la meilleure décision de sa vie, dit-elle aujourd'hui.

Jean-Guy Lesage travaillait dans le secteur forestier avant l'arrivée d'Alcoa «Je n'avais pas prévu ce qui arriverait dans la forêt mais je suis bien content aujourd'hui de ne plus y être», dit-il.

Après avoir exercé plusieurs métiers, Yvan Cantin a abouti à l'usine de Deschambault, où il est opérateur au centre de coulée. Il a pu travailler dans d'autres secteurs de l'usine et a même passé six mois en Islande pour le démarrage de la nouvelle aluminerie d'Alcoa. Il apprécie beaucoup de pouvoir élargir ses horizons, même si le premier mot qui lui vient à l'esprit pour qualifier son séjour en Islande est «long».

«Étalement urbain» en région

Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Neuville, Saint-Marc-des-Carrières, les employés de l'aluminerie, comme Réal Genois et Marc Montembault, se sont établis un peu partout aux alentours, mais pas à Deschambault même.

Le maire Gaston Arcand ne s'en formalise pas. «Je suis content pour les autres municipalités, se plaît-il à dire, parce qu'un voisin pauvre, ça ne nous enrichit pas.»

Le taux de chômage du comté de Portneuf, qui était traditionnellement plus élevé que celui de la région de Québec voisine, est maintenant l'équivalent.

Toute la région profite de l'usine, qui a abouti à Deschambault grâce au ministre Michel Pagé qui a fait des pieds et des mains pour attirer ce gros investissement dans sa circonscription.

Le maire Arcand ne manque jamais une occasion de faire la promotion de l'expansion de l'aluminerie. Les baby-boomers sont de plus en plus nombreux à venir s'installer dans ce beau village en bordure du fleuve, et pour ce groupe en particulier, l'agrandissement d'une usine ne présente aucun attrait particulier. Au contraire, ça pourrait menacer la tranquillité et l'air pur qu'ils sont venus chercher ici. À ceux-là, Gaston Arcand affirme que la présence d'Alcoa leur garantit un taux de taxation relativement bas, soit 93 cents par 100$ d'évaluation foncière.

Il est fier de dire que la présence de l'usine n'a pas diminué l'attrait du village. «C'est la preuve qu'une industrie à grand gabarit peut cohabiter avec un des plus beaux villages du Québec.»

La venue d'Alcoa a contribué à changer les mentalités, dit pour sa part Alain Blanchette, directeur général de Carrefour Jeunesse-Emploi de Portneuf.

Habitué à solliciter des entreprises pour toutes sortes de causes, il a trouvé une oreille plus qu'attentive chez Alcoa. L'entreprise a soutenu des causes régionales, comme l'implantation de l'internet à haute vitesse dans la région, un service que l'organisme communautaire jugeait primordial pour attirer des jeunes.

«Non seulement ça nous aide, mais on ne se sent pas comme des quêteux», résume-t-il.

Si Alcoa reçoit le feu vert pour agrandir son usine, le maire ne prévoit pas beaucoup de débats au conseil municipal. «On va dire oui d'abord, puis on va dire merci après.»