Le Fonds monétaire international (FMI) exhorte les pays industrialisés à synchroniser leurs programmes d'infrastructures de manière à en multiplier les retombées. Ces plans de relance économique devront équivaloir à au moins 2% de la taille de l'économie. Faute de quoi, ils s'avéreront insuffisants pour sortir de la récession.

Le Fonds monétaire international (FMI) exhorte les pays industrialisés à synchroniser leurs programmes d'infrastructures de manière à en multiplier les retombées. Ces plans de relance économique devront équivaloir à au moins 2% de la taille de l'économie. Faute de quoi, ils s'avéreront insuffisants pour sortir de la récession.

«Nous sommes en présence d'une crise d'une amplitude exceptionnelle dont la principale composante est un effondrement de la demande, écrivait l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, dans les pages du quotidien français Le Monde. Il est impératif de juguler cette perte de confiance, de relancer la demande privée, si l'on veut éviter que la récession ne se transforme en Grande Dépression.»

Si une récession correspond à au moins deux trimestres de contraction d'affilée, une dépression correspond à huit. Aux États-Unis, déjà quatre sont écoulés et un retour à la croissance n'est pas attendu avant l'été, selon la majorité des analystes.

On apprenait hier que le nombre de transactions sur le marché de la revente des maisons avait plongé de plus de 10% depuis un an alors que les mises en chantier sont aussi en chute libre.

M. Blanchard croit que, dans certains cas, il faudra un effort des gouvernements supérieur à 2% du produit intérieur brut (PIB) pour sortir de la récession. En Europe, les plans de relance annoncés jusqu'ici représentent 1,6% du PIB seulement.

Au Canada, dont l'économie entre en récession après une croissance annualisée de plus de 1% au troisième trimestre, on ne saura qu'à la fin du mois prochain de quel bois Stephen Harper se chauffe.

«En 2007, le gouvernement fédéral a affecté 33 milliards de dollars à un plan Chantiers Canada pour stimuler la construction d'infrastructures pendant sept ans, rappelle Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. Seulement 6,2 milliards ont été dépensés. En d'autres termes, Ottawa dispose de 27 milliards, soit 1,7% du PIB, pour accélérer les seules dépenses d'infrastructures.»

Évidemment, tout ne peut pas être devancé. Il est improductif de construire des ponts qui ne mènent nulle part.

«Et lancer des grands travaux durant l'hiver n'est pas facile, ironise François Dupuis, économiste en chef au Mouvement Desjardins. Il va falloir jouer sur plusieurs facettes à la fois pour mettre du cash dans l'économie très rapidement.»

M. Dupuis pense à un programme d'aide à la rénovation des logements, des écoles ou des hôpitaux.

M. Marion ajoute que les gouvernements doivent occuper la place de projets mis en veilleuse. Plusieurs projets d'infrastructures sont suspendus, faute de crédit. C'est particulièrement le cas à l'échelle municipale.

Il ajoute aussi que le consommateur ne doit pas être oublié. Il se démarque ainsi du FMI, peu chaud à des baisses d'impôt pour stimuler la consommation parce qu'en période de récession, les ménages ont tendance à épargner. Le plan Bush annoncé au printemps offre d'ailleurs un bel exemple d'endettement de l'État sans effet marqué sur l'économie.

M. Marion est davantage favorable à la recapitalisation des assureurs hypothécaires américains Fannie Mae et Freddy Mac pour qu'ils puissent prêter directement aux ménages à des taux attirants et relancer le marché américain de l'habitation.

La kyrielle des mauvaises nouvelles américaines l'a d'ailleurs incité à réviser ses prévisions économiques pour les États-Unis et le Canada. Au sud, la croissance réelle sera négative l'an prochain alors qu'elle sera nulle chez nous, estime-t-il.

À la Banque TD, on se montre plus pessimiste qu'à la FBN. L'institution torontoise prévoit une contraction réelle de l'économie canadienne de 1,4% l'an prochain. Neuf provinces sur 10 vivront la décroissance, l'exception étant la Saskatchewan. Les plus touchées seront l'Alberta et l'Ontario.

L'économie du Québec s'amincira de 1,0%, en termes réels. Mince consolation, le PIB de la société distincte exprimée en dollars courants reculera de 0,8% seulement, ce qui créera moins de maux au gouvernement pour préparer son budget.

Ottawa sera aux prises avec une contraction nominale de 3,2% à cause de l'effondrement des prix des produits de base.