La banque centrale américaine a semblé fermer la porte vendredi à une baisse supplémentaire de ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion, le 11 décembre, alors même qu'elle s'attend à une nouvelle vague de mauvaises nouvelles sur le front de l'économie.

La banque centrale américaine a semblé fermer la porte vendredi à une baisse supplémentaire de ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion, le 11 décembre, alors même qu'elle s'attend à une nouvelle vague de mauvaises nouvelles sur le front de l'économie.

«La séquence d'indicateurs montrant que l'activité économique traverse une mauvaise passe que j'attends pour les prochains mois, ne devrait pas suggérer, par elle même, que le niveau actuel de la politique monétaire est inapproprié», a indiqué Randall Kroszner, un gouverneur de la Réserve fédérale.

M. Kroszner est l'un des cinq membres en exercice du conseil de la Fed, qui participent de droit aux réunions du Comité de politique monétaire, aux côtés de cinq représentants des banques régionales de réserve.

Même s'il exprimait à titre personnel, l'absence totale d'ambiguïté dans ses propos ne laisse aucun doute sur l'issue de la prochaine réunion, d'autant que le Fed a pour habitude de préparer les marchés et le grand public à ses décision à travers les discours de ses principaux dirigeants.

Lors de ses deux dernières réunions, le Comité a, à chaque fois, baissé le taux directeur américain: de 0,5 point le 18 septembre, de 0,25 point le 31 octobre, pour le ramener finalement à 4,50%. M. Kroszner a expliqué que les signaux négatifs adressés par le secteur immobilier avaient joué un rôle important dans ces décisions successives de la banque centrale américaine.

Reprenant l'analyse faite par le comité en octobre, M. Kroszner a estimé que les risques pesant sur la croissance et les risques de redémarrage de l'inflation «s'équilibraient à peu près» désormais après les baisses de taux.

«J'ajouterais que les données et informations parcellaires que nous avons reçues depuis la réunion du comité de politique monétaire de la Fed d'octobre n'ont pas changé ma manière de penser à cet égard», a-t-il dit, lors d'un discours à New York, devant l'Institut de finance internationale (IIF).

Certes, «à court terme, l'économie devrait traverser une mauvaise passe pendant laquelle un certain nombre d'indicateurs pourraient être mauvais».

Les chiffres de l'activité industrielle en octobre, qui ont été rendus publics alors même que M. Kroszner s'exprimait, ne le démentiront pas. Cet indicateur a plongé de 0,5%, par rapport à son niveau de septembre, alors que les marchés tablaient sur une hausse, modeste, de 0,1%.

Pour le responsable de la Fed, «le marché immobilier devrait probablement s'affaiblir encore, vu les difficultés rencontrées par certains acheteurs potentiels pour obtenir un crédit hypothécaire. Peut-être s'y ajoutera, de leur part, quelque inquiétude d'acheter sur un marché qui chute. De surcroît, avec les stocks de logements invendus déjà à un niveau élevé au regard des ventes, une détérioration supplémentaire de la demande devrait accélérer de nouvelles réductions dans le bâtiment», a-t-il expliqué.

Mais la consommation des ménages, les attentes des industriels, le marché du travail et la demande extérieure restent à des niveaux corrects. Au niveau des prix, la tendance est certes à la hausse, mais «l'inflation sous-jacente (qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie) bouge dans une direction plus favorable», a relevé le responsable. L'économie américaine devrait donc continuer de croître, à un rythme toutefois «visiblement plus lent».

En résumé, pour M. Kroszner, le niveau actuel des taux d'intérêt «devrait aider l'économie à traverser la mauvaise passe de l'année prochaine, avant que la croissance ne revienne» à un niveau plus proche de son potentiel.