Michel Caron a ouvert les pages économiques du journal, hier matin, au retour de vacances. Une mauvaise nouvelle l'attendait: ses placements boursiers avaient chuté de 35 000$ au cours des deux dernières semaines.

Michel Caron a ouvert les pages économiques du journal, hier matin, au retour de vacances. Une mauvaise nouvelle l'attendait: ses placements boursiers avaient chuté de 35 000$ au cours des deux dernières semaines.

L'entrepreneur de 58 ans prévoyait prendre sa retraite au printemps. Il devra peut-être changer ses plans.

«Pour les six prochains mois, je ne panique pas, dit-il. Mais si la crise perdure après ça, je repousserai ma retraite d'un autre six mois. Si je ne puise pas d'argent dans mon compte, je pourrai combler mes dettes.»

La crise financière qui secoue actuellement le monde boursier a un impact direct sur les petits investisseurs. En moyenne, le portefeuille boursier des Canadiens a chuté d'environ 17% depuis un mois, selon Yves Lorange, vice-président placements et stratégies chez Valeurs mobilières Desjardins.

«L'indice TSX de Toronto a baissé de 17% depuis un mois, souligne-t-il. La condition des portefeuilles des clients est fortement corrélée à la diminution des titres, et c'est essentiellement la même variation partout au Québec.»

Des baisses considérables

Pour certains, la baisse est plus légère. Mais pour d'autres, toutefois, elle est beaucoup plus importante.

Thierry Lefèvre, conseiller en télécommunications de Montréal, est de ceux-là. La valeur de ses placements à risque a plongé de 30% depuis un mois. «Mon portefeuille a fondu de 20 000$, se désole l'homme de 29 ans. Aujourd'hui seulement, je constate une baisse de 9%!»

La dégringolade des marchés financiers lui fait peur, admet-il. «D'autant plus que les compagnies dans lesquelles j'ai investi sont plutôt solides, ajoute-t-il. Le titre de Sears Canada [[|ticker sym='T.SC'|]] a plongé de 30$ à 18$ en un an...»

«Je n'en parle pas à ma conjointe, mais disons que je suis en mode sauver les meubles.»

Lucie, une secrétaire juridique de Montréal qui préfère garder l'anonymat, admet avoir éclaté en sanglots samedi dernier, découragée par les sombres perspectives économiques qui selon elle la guettent.

Entre la mi-août et la mi-septembre, son portefeuille boursier a fondu de 33 000$. Depuis, elle n'ose plus consulter la valeur de ses placements dans les journaux.

«J'ai 65 ans, soupire-t-elle. Je prévoyais prendre ma retraite dans quatre ans, mais je ne sais plus si j'aurai les reins assez solides. Mais je ne sais pas, non plus, si mon employeur va accepter de me garder à 70 ans...»