Même s'il n'avait pas perdu 200 000$ dans l'affaire Norbourg, l'année 2005 et les deux années qui ont suivi auraient été très dures pour Henry John Segeleski et sa famille.

Même s'il n'avait pas perdu 200 000$ dans l'affaire Norbourg, l'année 2005 et les deux années qui ont suivi auraient été très dures pour Henry John Segeleski et sa famille.

L'homme de 78 ans, qui a intenté lundi une poursuite contre l'Autorité des marchés financiers, était déjà atterré par la mort récente de sa femme quand le scandale a éclaté en août 2005.

Un mois après avoir enterré les cendres de Régina Segeleski, sa compagne de vie durant 50 ans, M. Segeleski a appris que sa fille Barbara avait un cancer du cerveau, qui allait l'emporter l'an dernier.

M. Segeleski a lui-même dû être opéré deux fois, peut-on lire dans la poursuite.

En profonde dépression, l'homme de Saint-Lazare n'a pas remis à temps sa demande au Fonds d'indemnisation des services financiers et a été exclu de la compensation de 31 millions versée par cet organisme en 2006.

Hier, M. Segeleski a demandé à la Cour supérieure de contraindre l'AMF - qui administre le Fonds - à réviser son refus de l'indemniser, invoquant que l'omission résulte de faits indépendants de sa volonté.

M.Segeleski réclame les 81 554,45$ qu'il a investis lui-même, et réclame aussi 121 802,94$ en tant que liquidateur de la succession de sa femme.

En avril 2004, M. Segeleski et sa femme ont investi ensemble 203 357,39$ dans les fonds Norbourg, par le truchement du représentant de Norbourg Capital Jean-François Pilon, leur voisin à Saint-Lazare. Norbourg Capital, rebaptisée plus tard «Services financiers Tandem», était la filiale de courtage en épargne collective de Norbourg.

Le 25 juin 2005, deux mois avant que la GRC et l'AMF fassent des perquisitions massives chez Norbourg, Mme Segeleski est morte sur la table d'opération.

Ce décès plongea M. Segeleski «dans une dépression profonde au point où, ne se sentant plus en mesure de s'occuper lui-même de ses affaires, il donna une procuration générale à ses enfants, Paul et Barbara (...), leur confiant la gestion de son patrimoine en date du 28 juillet 2005», selon la poursuite.

Mais un mois après la mise en terre des cendres de la défunte, une des mandataires de M. Segeleski, sa fille Barbara, a elle-même été diagnostiquée d'un cancer au cerveau.

Le 17 octobre, Barbara a subi une opération au cerveau.

Elle s'est éteinte le 25 septembre dernier. M. Segeliski a lui-même eu des problèmes de santé qui ont mené, en décembre 2006, à une opération pour une hernie.

Diverses complications et une infection l'ont obligé à subir une deuxième opération un mois plus tard.

«Pendant toute cette période, toute la documentation reçue par (M. Segeleski) concernant le scandale Norbourg fut remise à l'autre mandataire, son fils Paul», qui n'a pas compris l'existence du Fonds ni le délai maximal d'un an pour demander une indemnisation, peut-on lire dans la poursuite.

La demande est parvenue au Fonds cinq mois trop tard, mais la faute n'incombe pas à M. Segeleski, argue-t-il.

Si M. Segeleski ou son fils avaient envoyé le formulaire à temps, il aurait sans doute été indemnisé, puisqu'il faisait partie de la minorité d'investisseurs admissibles.

Mais l'affaire n'ira peut-être pas en procès: «L'AMF est sensible à cette requête et nous allons en faire une analyse attentive, afin de voir si des éléments nouveaux permettent de réviser», a dit lundi le porte-parole de l'AMF Frédéric Alberro.