Le Fonds monétaire international (FMI) s'est vu accorder samedi un plus grand rôle dans l'analyse et la prévention des crises financières mais le moyen d'y parvenir risquait de diviser ses États membres.

Le Fonds monétaire international (FMI) s'est vu accorder samedi un plus grand rôle dans l'analyse et la prévention des crises financières mais le moyen d'y parvenir risquait de diviser ses États membres.

L'instance dirigeante du FMI, le Comité monétaire et financier international (CMFI), lui a donné mandat pour tirer les leçons de la crise et recommander des mesures afin de rétablir la confiance et la stabilité du système financier.

Aux termes de ce mandat, le FMI «doit émettre des avertissements clairs sur les risques pesant sur la stabilité économique et financière mondiale et prodiguer ses conseils sur les meilleures politiques à suivre en matière monétaire, budgétaire, de taux de change et de soutien au secteur financier à l'appui de ces objectifs».

Le calendrier est serré puisque le FMI doit commencer ses travaux immédiatement et faire rapport au CFMI au plus tard lors de sa prochaine réunion en avril.

Cette mission oecuménique donnée au FMI risque toutefois de recevoir des interprétations différentes de la part de ses 185 États membres qui sont loin de s'accorder sur le partage des responsabilités dans le déclenchement de la crise.

«Le CFMI a été créé pour promouvoir la coordination et l'action collective pour éviter une crise de l'ampleur de celle à laquelle nous faisons face aujourd'hui», a rappelé le gouverneur de la Banque centrale d'Afrique du sud, Tito Mboweni, devant le CFMI.

«Nous avons tous vu le danger grandir depuis des années et nous savions ce qu'il fallait faire pour éviter ce résultat catastrophique (...). Mais cela n'a pas été suffisant pour motiver en commun une action déterminée», a-t-il déploré.

La crise qui ravage le système financier international, partie des États-Unis, remet en cause le credo libéral du FMI, ce que n'a pas manqué de relever le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega.

«Les États-Unis et l'Europe sont au centre de l'orage financier. Le monde regarde incrédule comment la crise révèle de graves faiblesses systémiques et des erreurs politiques dans des pays qui étaient considérés comme des modèles, présentés comme des références en matière de gestion des affaires publiques et des exemples à imiter», a-t-il lancé.

«Après avoir repris le contrôle des turbulences actuelles, nous devrons établir de nouvelles règles pour renforcer et protéger le système financer mais sans que cela soit biaisé en faveur des pratiques des pays développés», a-t-il prévenu.

Le directeur général du Fonds, le Français Dominique Strauss-Kahn, est bien conscient de cette fracture.

«Ce qui me paraît très important, c'est qu'une fois que la crise sera passée, on ne dise pas: eh bien voilà, on est revenu à la situation d'avant et on ne change rien. Il faut qu'on change les choses sur les pratiques de régulation, d'organisation du système financier, de contrôle du système financier», avait-il déclaré jeudi.

Dans son intervention devant le CFMI, le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson n'a pas semblé prêt à faire son mea culpa. Il a souligné que les États-Unis restaient «sceptiques devant les propositions visant à augmenter significativement les niveaux d'accès aux prêts du FMI», ceux-ci devant se limiter à combler les déséquilibres des balances des paiements des pays bénéficiaires.

«Le rôle du FMI dans une crise est d'accorder des prêts à taux réduits aux pays en développement, rapidement et en y attachant peu de conditions. Moins que cela n'aidera pas et le FMI ne répond toujours pas à cette mission de base», a déploré l'organisation humanitaire Oxfam.