Quebecor se défend de mettre son équilibre financier en péril en dépensant beaucoup plus que prévu pour la mise sur pied de son réseau sans fil.

Quebecor se défend de mettre son équilibre financier en péril en dépensant beaucoup plus que prévu pour la mise sur pied de son réseau sans fil.

Le conglomérat montréalais allongera entre 800 millions et 1 milliard de dollars d'ici quatre ans pour lancer le service, le double des 500 millions qu'il comptait dépenser au départ.

Interrogé par des analystes à ce sujet, Louis Morin, vice-président et chef de la direction financière, a assuré hier que Quebecor saurait trouver de la «flexibilité» si nécessaire. «Nous avons toutes les facilités (de crédit) en place et assez de marge de manoeuvre pour être à l'aise, a-t-il affirmé pendant un appel conférence. Et si le pire devait arriver, il y a des projets qui peuvent être réduits ou reportés.»

En raison de l'ampleur des investissements dans le sans-fil, des analystes s'inquiètent de voir Quebecor tomber à court d'argent si jamais le ralentissement économique devait affecter certaines de ses filiales, notamment celle des journaux. Les revenus publicitaires reculent et la chute pourrait s'accélérer si l'économie canadienne se détériore davantage.

Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction, a lui aussi voulu se montrer rassurant. Quebecor a déjà payé il y a deux mois les 555 millions requis pour l'achat des licences sans fil auprès d'Industrie Canada, a-t-il dit. Le reste des sommes nécessaires à la construction du réseau -entre 250 et 450 millions- sera financé à même les flux de trésorerie et les facilités de crédit déjà en place, a-t-il ajouté. Sans recourir au marché du crédit.

Le dépassement de coût est dû au prix plus élevé que prévu des licences vendues aux enchères l'été dernier par Industrie Canada. Le processus a suscité une concurrence énorme entre les diverses entreprises canadiennes de télécoms, qui a fait exploser les prix.

Convergence accrue

Le réseau sans fil de Vidéotron, filiale de Quebecor, devrait être lancé d'ici 12 à 18 mois. D'ici là, le conglomérat accélérera la consolidation et la convergence entre ses unités d'affaires, pour réduire les coûts et générer de nouveaux revenus publicitaires ailleurs que dans l'imprimé.

L'entreprise a annoncé hier l'intégration de Sun Media (filiale qui regroupe les tabloïds et les journaux régionaux) et de Canoë (le portail Internet de Quebecor) sous un même leadership. Le président de Sun, Michael Sifton, quitte l'entreprise et Pierre Karl Péladeau prendra lui-même la tête de cette nouvelle méga-division.

Ce changement vise à accélérer la migration de l'information vers l'Internet et les autres «supports multiplateformes» (dont les appareils sans fil qui seront vendus par Vidéotron), a indiqué Quebecor.

M. Péladeau a souligné que le secteur des journaux n'était «certainement pas en croissance», mais qu'il constituera une bonne source de contenu pour alimenter les autres canaux de distribution du groupe.

Cette consolidation de Sun Media et Canoë coïncide aussi avec le début des négociations en vue du renouvellement de la convention collective au Journal de Montréal, propriété de Quebecor. Le contrat de travail arrive à échéance le 31 décembre prochain.

Au Syndicat des travailleurs de l'information du JdeM, on a mal réagi à ce changement de structure, hier. Surtout que les pourparlers entamés la semaine dernière s'annoncent difficiles.

«C'est sûr que la venue de M. Péladeau à la direction va durcir le ton un peu partout, a avancé Raynald Leblanc, président du Syndicat. M. Sifton était vu comme quelqu'un de plus modéré.»

Résultats en hausse

Pour l'ensemble du troisième trimestre, Quebecor a affiché des résultats en forte hausse. Les profits ont atteint 46 millions (0,70$ par action), comparativement à une perte de 35 millions à la même période l'an dernier. Les revenus ont grimpé de 9%, à 908 millions.

Le câblodistributeur Vidéotron a encore une fois été la locomotive de Quebecor pendant le trimestre. Les recettes de cette filiale ont atteint 452,6 millions, en progression de 15%. Le revenu mensuel moyen tiré de chaque client a augmenté de 11,5%, à 81$.

Quebecor a par ailleurs annoncé la nomination d'Isabelle Dessureault au poste de vice-présidente, Affaires publiques, de Quebecor Media. Elle était déjà porte-parole de Vidéotron depuis 2005. La détentrice d'un MBÀ de Concordia vient ainsi remplacer Luc Lavoie, collaborateur de longue de Pierre Karl Péladeau, qui a quitté son poste à la fin août. Le titre de Quebecor inc. a perdu 7,5% hier à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 19,10$.