Pour la première fois depuis 16 ans, l'économie britannique termine un trimestre par une note à l'encre rouge, pavant la voie à une récession qui semble de plus en plus inévitable.

Pour la première fois depuis 16 ans, l'économie britannique termine un trimestre par une note à l'encre rouge, pavant la voie à une récession qui semble de plus en plus inévitable.

Le premier ministre britannique et le gouverneur de la Banque d'Angleterre l'avaient prédit plus tôt cette semaine, les statistiques viennent de le confirmer : le Royaume-Uni se destine très sûrement vers une récession. Pour la première fois depuis 1992, l'économie britannique s'est contractée de 0,5% entre juillet et septembre.

Cette chute du produit intérieur brut - beaucoup plus sévère que le 0,2% anticipé -, a entraîné dans son sillage la Bourse de Londres (-5%) et la livre sterling qui a atteint hier son plus bas niveau face au dollar américain depuis cinq ans.

Sans surprise, la crise du crédit, l'éclatement de la bulle immobilière et les coûts élevés de l'énergie ont forcé les ménages britanniques à se serrer la ceinture et à réduire leurs dépenses, contractant le PIB. «C'est le genre de crise que l'on ne voit qu'une fois dans une vie et, possiblement, la crise financière la plus importante de l'histoire humaine, a soutenu Charlie Bean, gouverneur-adjoint de la Banque d'Angleterre. Et ce n'est qu'un début en ce qui concerne l'impact sur l'économie réelle.»

Le secteur manufacturier, qui était déjà en décroissance au deuxième trimestre, a été rejoint par le secteur des services qui a chuté de 0,4%. Ce dernier représente à lui seul 75% de l'économie britannique. Sur un an, l'évolution du PIB britannique est restée à peine positive, tombant à 0,3% contre 1,5% au trimestre précédent.

Si le pays n'est pas officiellement en récession - définie par deux trimestres successifs de décroissance -, la très grande majorité des analystes s'entendent pour dire que la récession est déjà là. Les chiffres du quatrième trimestre ne seront publiés qu'en janvier.

«Le climat est de plus en plus morose, il paraît évident que nous allons être en récession. En fait, nous le sommes déjà certainement», a expliqué une conseillère en investissement du groupe AXA.

L'Institut national de recherche économique et social s'attend à ce que le Royaume-Uni connaisse quatre trimestres successifs de décroissance, suivi d'une période de stagnation du PIB. Cette situation s'apparenterait à la récession importante qu'avait connu le pays en 1980. Elle avait duré cinq trimestres et vu l'économie décroître de 4,6%.

Si les dernières projections du gouvernement prévoient une croissance positive pour l'année 2009 (entre 1,75% et 2,25%), plusieurs analystes contestent désormais ces prévisions, jugées trop optimistes.

Selon la banque UBS, le Royaume-Uni et les États-Unis devraient être les pays les plus touchés par une éventuelle récession mondiale.