La tourmente financière mondiale volait la vedette vendredi à Québec en s'imposant comme un sujet incontournable lors de deux réunions de haut niveau dans la capitale québécoise, un sommet UE-Canada et un autre rassemblant les pays de la Francophonie.

La tourmente financière mondiale volait la vedette vendredi à Québec en s'imposant comme un sujet incontournable lors de deux réunions de haut niveau dans la capitale québécoise, un sommet UE-Canada et un autre rassemblant les pays de la Francophonie.

Le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, est arrivé en fin de matinée à Québec pour une visite éclair mais fort chargée d'un peu plus de 24 heures, avant d'aller s'entretenir samedi après-midi avec le président George W. Bush de la réorganisation du système financier mondial.

M. Sarkozy a été accueilli par le Premier ministre canadien Stephen Harper, fraîchement réélu mardi à la tête d'un gouvernement minoritaire, avec lequel il devait s'entretenir dans le cadre d'un sommet UE-Canada.

«La crise financière y tiendra une grande place», a déclaré vendredi un haut responsable canadien lors d'un point de presse.

La tourmente s'est aussi invitée au sommet de la Francophonie, qui devait débuter dans la soirée en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et d'une trentaine de chefs d'État et de gouvernement.

Selon le projet de déclaration finale obtenu par l'AFP, la Francophonie va s'engager à «soutenir la tenue d'un sommet international» pour donner une réponse «urgente et coordonnée» à la crise qui affole les marchés mondiaux.

Le sommet de Québec est «le premier forum Nord-Sud à se réunir dans la foulée de cette crise» et présente l'occasion d'en mesurer les impacts notamment sur les pays du Sud, a souligné récemment le Premier ministre du Québec Jean Charest, co-hôte de la rencontre avec M. Harper.

Lors du sommet UE-Canada, MM. Sarkozy et Harper ainsi que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, devraient tracer «la feuille de route» d'un processus devant mener à un «partenariat économique renforcé» entre l'UE et le Canada, a indiqué une responsable canadienne ayant requis l'anonymat.

Selon une étude conjointe rendue publique par Ottawa, les gains potentiels en termes de PIB qui découleraient de la libéralisation du commerce et des services sont loin d'être négligeables.

Le gain de revenu annuel d'ici 2014 serait d'environ 11,6 milliards d'euros pour l'UE (soit 0,08% de son PIB) et d'environ 8,2 milliards d'euros pour le Canada (0,77% du PIB canadien).

Un porte-parole d'un groupes d'entrepreneurs européens, Business Europe, a cependant exprimé sa déception par avance, déclarant au quotidien Le Devoir que MM. Harper et Sarkozy «vont signer quelque chose de flou qui n'engage à rien».

La visite de M. Sarkozy aura aussi un volet franco-québécois, avec un discours devant l'Assemblée nationale québécoise, le premier d'un chef de l'État français dans cette enceinte, qui lui permettra d'exposer sa conception des relations de la France avec le Québec et le Canada.

Le président a souligné dans une interview au quotidien La Presse que la relation «fraternelle» entre la France et le Québec «n'est pas exclusive de l'amitié profonde» liant Paris au Canada.

En raison de son départ pour Camp David, M. Sarkozy n'assistera qu'à la moitié du sommet de la Francophonie, mais il sera relayé par le Premier ministre François Fillon.

La rapidité du passage du président français a provoqué quelques froncements de sourcils. «Il aurait pu faire le choix de la Francophonie (...) Est-ce que tout est plus important que la Francophonie?», s'est interrogée Louise Beaudoin, ancienne chef de la diplomatie québécoise dans un gouvernement indépendantiste.