Vous êtes compétent et travailleur, mais votre carrière piétine? Peut-être avez-vous besoin d'une petite dose d'habileté politique pour gravir les échelons.

Vous êtes compétent et travailleur, mais votre carrière piétine? Peut-être avez-vous besoin d'une petite dose d'habileté politique pour gravir les échelons.

Mais la politique n'a pas bonne presse par les temps qui courent. «Quand on pense à la politique, ce qui vient à l'esprit, c'est le magouillage et le grenouillage», dit Pierre Lainey, chargé de formation en management à HEC Montréal.

Pourtant, quand elles sont bien utilisées, les habiletés politiques sont bénéfiques à la fois pour l'employé et pour l'entreprise.

L'aisance politique au travail, c'est la capacité d'utiliser les sources de pouvoir que l'on a à sa disposition. Par exemple, celles qui découlent de nos compétences, de l'information ou de l'autorité que l'on détient, ou encore de nos relations avec des personnes en position d'autorité.

«On devrait les utiliser pour atteindre nos objectifs ayant des retombées positives pour l'organisation.

Elles en auront par ricochet sur nous, car on sera reconnu comme quelqu'un qui fait avancer ses dossiers», dit Pierre Lainey.

Rares sont les postes où l'on peut cheminer en étant seulement compétent, croit l'enseignant.

Il faut faire valoir ses réalisations et reconnaître ceux qui pourront nous donner la bonne information au bon moment pour faire progresser nos projets.

«Les habiletés politiques, aujourd'hui, sont essentielles, ajoute Pierre Lainey. Surtout que les organisations sont de plus en plus complexes. C'est devenu crucial.»

Évidemment, beaucoup de gens le font sans s'en rendre compte. Certaines personnes ont un sens politique inné et une grande intelligence émotionnelle. Elles savent comment s'adresser aux individus et possèdent une capacité naturelle d'entrer en relation.

Si ce n'est pas votre cas, ne désespérez pas, car cela s'apprend. Aux HEC, les habiletés politiques s'enseignent depuis 10 ans déjà, et les cours sont de plus en plus populaires, indique M. Lainey. Et ce, dans toutes les catégories de travailleurs.

«Nos étudiants vont de la secrétaire de direction jusqu'au vice-président, du jeune nouvellement arrivé sur le marché du travail au travailleur vieillissant», dit-il.

À son avis, cette formation est particulièrement utile aux employés subalternes qui ont de l'ambition, qui souhaitent monter et se réaliser dans l'entreprise.

«Moi-même, je n'étais pas très politique au début de ma carrière, et les habiletés politiques m'ont sauvé plus d'une fois dans ma vie professionnelle, ajoute-t-il. On s'en sert beaucoup, et plus on s'en sert, meilleur on devient.»

Le côté sombre

Évidemment, quelques sombres individus utilisent leurs habiletés politiques pour atteindre leur objectif suprême: obtenir toujours plus de pouvoir. Ce sont les individus machiavéliques, explique Pierre Lainey.

Généralement, on ne les reconnaît pas d'emblée, sauf si leur réputation les précède.

«Ce sont des gens qui n'adhèrent pas à la moralité conventionnelle. Ils n'hésitent pas à mentir ou à voler. Ils ne créent pas de liens émotifs normaux avec leurs collègues.»

Souvent, quand on en est victime, on n'a pas su le voir venir. On se rend simplement compte un jour qu'ils nous ont utilisé comme un pion pour arriver à leurs fins.

La personnalité machiavélique n'est pas un problème de maladie mentale, et ce n'est pas non plus à une idéologie.

«C'est un ensemble de comportements que ces gens adoptent de façon rationnelle, sachant très bien qu'ils peuvent avoir des conséquences nuisibles pour leurs confrères de travail ou l'entreprise», précise M. Lainey.

Pour s'en défendre, deux seules tactiques sont possibles: jouer à armes égales avec eux, ou en dernier recours, fuir.

Heureusement, les machiavéliques sont une exception. Généralement, les habiletés politiques au travail sont utilisées de façon positive.

Par exemple, par un chef de projet qui a un changement organisationnel à réaliser et qui utilise son influence sur les autres pour mener ce changement à terme.

Pour jouer le jeu politique au bureau, il suffit de mettre en oeuvre quelques stratégies de base. D'abord, il faut savoir décoder le contexte en se posant des questions. Quels sont les enjeux de l'heure, et comment les gens autour de soi se positionnent-ils face à ces enjeux?

Positionnement

Dans une situation donnée, on doit se demander si l'on est en position de force ou de faiblesse.

Une fois cela établi, il faut déterminer sa stratégie et les moyens que l'on compte utiliser pour influencer les gens.

«Cela peut prendre des formes infinies selon le contexte, dit Pierre Lainey. On peut créer des coalitions, utiliser l'argumentation, jouer sur le plan verbal ou non verbal.»

Enfin, on doit mettre en oeuvre ces stratégies.

Sans oublier que l'atout le plus important pour un joueur politique, c'est sa crédibilité.