Qui peut vouloir de Chrysler ? Plombé par une gamme inadaptée, menacé d'une crise de trésorerie, le plus petit des trois constructeurs automobiles américains doit trouver un repreneur mais l'intensification de la crise risque de doucher les acheteurs potentiels.

Qui peut vouloir de Chrysler ? Plombé par une gamme inadaptée, menacé d'une crise de trésorerie, le plus petit des trois constructeurs automobiles américains doit trouver un repreneur mais l'intensification de la crise risque de doucher les acheteurs potentiels.

Son propriétaire à 80,1%, le fonds d'investissement Cerberus ne cache plus son impatience de s'en défaire. Il aurait renoncé à investir davantage dans une marque au destin incertain, selon la presse.

Le PDG de Chrysler, Robert Nardelli, a expliqué la semaine dernière lors d'une audition parlementaire qu'il était à la recherche «de nouveaux modèles d'entreprise passant par des alliances, partenariats et consolidations».

«Vu l'état du secteur automobile, Cerberus est prêt à toutes les offres possibles», traduit l'analyste Joe Phillippi, chez AutoTrends Consulting.

Le dossier qui semblait le mieux avancé il y a quelques semaines aurait vu Chrysler fusionner avec son grand concurrent General Motors [[|ticker sym='GM'|]].

Mais le géant de Detroit n'est pas sûr d'avoir assez de liquidités pour passer l'année, et n'a vraiment pas les moyens de s'offrir Chrysler, même si les deux groupes réunis auraient pu réaliser des économies d'échelle substantielles.

Désormais, les conditions mises au déblocage de l'aide publique indispensable à la survie de Chrysler - qui a évoqué la possibilité d'un dépôt de bilan - compliquent encore plus l'hypothèse d'un changement de propriétaire, car ce dernier devrait accepter la tutelle d'un administrateur nommé par l'État.

En outre, comme le souligne l'analyste David Cole, directeur du Centre de recherche sur l'automobile basé à Ann Arbor (Michigan), Chrysler, en dépit d'un prestigieux passé, n'a plus que la marque Jeep susceptible d'attirer les convoitises. Et peut-être aussi certaines minifourgonnettes qui se vendent bien.

Parmi les repreneurs possibles, M. Cole cite Renault-Nissan, dont le patron Carlos Ghosn a indiqué à plusieurs reprises qu'il était à la recherche d'un partenariat en Amérique du Nord.

Mais M. Ghosn a redit mardi qu'il préférait surseoir à toute acquisition tant que les marchés ne se seraient pas normalisés.

Jim Hall, qui dirige le cabinet 2953 Analytics en banlieue de Detroit, estime comme d'autres analystes que Cerberus pourrait se voir forcer de payer un repreneur pour qu'il le débarrasse de Chrysler et de ses problèmes, notamment ses pertes, évaluées à quelque 3,5 milliards de dollars depuis 2006.

Car Chrysler n'a guère d'atouts pour séduire, avec une gamme obsolète reposant aux deux tiers sur des 4x4 et des camions désormais boudés par les acheteurs car trop gourmands en carburant.

En outre, Chrysler n'a pratiquement aucune présence à l'international qui permettrait de compenser les difficultés nord-américaines.

D'un autre côté, c'est là un argument qui pourrait attirer des groupes chinois ou indiens en quête de présence en Amérique du Nord.

Pour M. Hall, le chinois SAIC, basé à Shanghaï et déjà partenaire de plusieurs Occidentaux, y compris General Motors, a l'allure d'un repreneur plausible.

SAIC trouverait là «une marque qu'il pourrait utiliser à travers le monde et en Chine, une capacité de production aux États-Unis et d'assez bons produits et plateformes de production».

Mais vu que le marché chinois est aussi en difficulté, M. Hall estime que SAIC devrait attendre un an ou deux avant de présenter une offre. D'ici là, il sera possible de voir si l'aide publique permet au constructeur de se remettre en selle.

Cerberus, en attendant, est en pleine querelle avec Daimler, qui veut solder le reste de ses parts dans Chrysler, vendu après neuf ans d'union.

Le fonds d'investissement accuse notamment le constructeur allemand «de ne pas avoir correctement dirigé l'entreprise» dans la période comprise entre la signature du contrat de vente et le bouclage de la transaction en 2007.