La Banque du Canada donne un sérieux coup de barre pour vaincre une récession qu'elle ne tente pas de nier, abaissant son taux directeur de trois quarts de point.

La Banque du Canada donne un sérieux coup de barre pour vaincre une récession qu'elle ne tente pas de nier, abaissant son taux directeur de trois quarts de point.

Le taux passe donc à 1,5%, du jamais vu depuis 1958. Les analystes prévoyaient une baisse d'un demi-point à 1,75%. C'est aussi la baisse la plus importante depuis celle en deux étapes qui a suivi les attentats terroristes de 2001.

Jusqu'ici, la Banque TD, la CIBC, la Banque Royale et BMO ont abaissé leurs taux préférentiels d'un demi-point en réaction à la décision de l'autorité monétaire.

Quand un phénomène de désinflation et une récession deviennent clairs comme c'était le cas en octobre, une banque centrale a moins peur d'abaisser ses taux et d'entraîner une tendance à la hausse pour les prix à la consommation.

>>> Lisez la réaction de Richard Dufour sur le Blogue de la Bourse

Justement, dans son communiqué matinal, la banque centrale prend acte devant une récession mondiale qui risque d'être profonde.

«Les marchés financiers internationaux demeurent extrêmement tendus, écrit la Banque du Canada. Les actions menées par les dirigeants des grandes économies commencent à stimuler les flux de crédit, mais il faudra encore un certain temps avant un retour à la normale sur les marchés financiers.»

Selon le communiqué, l'économie canadienne «entre à présent en récession sous l'effet de la faiblesse de l'activité économique mondiale. Les récents reculs des termes de l'échange, de la croissance du revenu réel et de la confiance incitent les ménages et les entreprises à faire preuve d'une plus grande prudence.»

L'autorité monétaire sait que son indice de référence démontrait une inflation de 1,7% sur 12 mois lors du rapport d'octobre de Statistique Canada. Les prévisions étaient alors de 1,9%. Comme toujours, la banque centrale vise un taux d'inflation de référence de 2%.

Malgré tout, la Banque du Canada voit plusieurs facteurs qui adoucissent le choc de la récession. La dépréciation du dollar canadien compense la baisse de la demande mondiale et des prix des matières premières. Aussi, les marchés monétaires et les conditions de crédit réagissent aux efforts de soutien qui visent le système financier.

Une autre baisse attendue ?

Maintenant, dit Paul-André Pinsonnault, économiste principal au Revenu fixe à la Financière Banque Nationale, il faut s'attendre à une autre baisse en janvier et à un effort du côté des politiciens.

«Si les élus proposent des plans de relance budgétaires conséquents, nous ne prévoyons plus qu'une seule baisse de taux au Canada, qui sera modeste, donc de l'ordre de 25 points de base», dit M. Pinsonnault.

Il y a toutefois une limite à desserrer l'étau monétaire.

«Évidemment, avec un taux directeur si bas, la fin de l'assouplissement des taux à court terme approche, souligne Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Bien que la Banque du Canada garantit encore une réduction de taux, elle ne connaît pas vraiment l'ampleur de celle-ci.»

«En raison de la réduction plus agressive que prévue ce matin, ajoute l'économiste, une dernière baisse d'un demi-point en janvier nous apparaît le scénario le plus probable, suivit d'une longue pause pour le reste de l'année. Donc, en bout de ligne, le plancher du taux directeur devrait être toujours de 1%. Celui-ci sera tout simplement atteint un peu plus tôt qu'anticipé auparavant.»

La prochaine annonce de la Banque du Canada sur le taux directeur doit avoir lieu le 20 janvier. Deux jours plus tard, elle publiera sa Mise à jour du Rapport sur la politique monétaire.