Comme capitaine de l'équipe de hockey de Providence College, Brian Burke devait souvent se rendre dans le bureau de son entraîneur afin de discuter des derniers résultats de l'équipe.

Comme capitaine de l'équipe de hockey de Providence College, Brian Burke devait souvent se rendre dans le bureau de son entraîneur afin de discuter des derniers résultats de l'équipe.

Un jour, Brian Burke a eu toute une surprise en ouvrant la porte du bureau de Lou Lamoriello (oui, le même Lamoriello qui est aujourd'hui directeur général des Devils du New Jersey). Son entraîneur l'attendait avec un examen sur son bureau. L'examen d'admission des facultés de droit aux États-Unis.

«J'ai rendu la copie à Lou en lui disant que ça ne m'intéressait pas, se rappelle Burke. Il me l'a redonnée en disant que je n'avais rien compris à ce qu'il venait de dire. J'ai alors réalisé que ce n'était pas une suggestion...»

Sous le regard de son entraîneur, Brian Burke s'exécuta. Il obtint finalement l'un des meilleurs résultats à l'examen cette année-là, ce qui lui permit de s'inscrire à la faculté de droit de Harvard. Fort de son bagage juridique, Brian Burke est aujourd'hui directeur général des Ducks d'Anaheim, les champions en titre de la Coupe Stanley.

Sans l'insistance de Lamoriello, Brian Burke est convaincu qu'il ne serait pas directeur général dans la LNH. Encore moins le meilleur du circuit Bettman, selon le magazine The Hockey News.

«Je ne pense pas que j'aurais connu autant de succès dans le hockey sans ma formation en droit, dit-il en entrevue à La Presse Affaires. Je suis conscient de la chance que j'ai eue de recevoir une telle formation. À mon avis, le droit vous rend meilleur dans tous les domaines. Il vous apprend à penser, à écouter et à bien faire vos recherches. Les avocats sont de bons penseurs qui n'ont pas peur des problèmes complexes. Ce sont des qualités fort recherchées quand vous gérez une équipe de hockey.»

Plus jeune, Brian Burke n'aurait jamais cru se destiner à la profession juridique. Aussitôt admis à Harvard, il prend une année sabbatique et tente sa chance comme joueur de hockey professionnel. Il gagne le championnat de la Ligue américaine de hockey avec les Mariners du Maine.

Harvard lui lance alors un ultimatum: soit il commence ses études l'automne suivant, soit il perd sa place.

«Comme j'hésitais, j'ai demandé aux Flyers, qui détenaient mes droits, ce que je devais faire, dit Burke. On m'a fait comprendre que j'étais mieux de retourner sur les bancs d'école...»

Retraité du hockey à 23 ans, Brian Burke arrive quelque peu dépaysé sur le campus de la faculté de droit la plus prestigieuse des États-Unis.

«À la première journée, un de mes collègues de classe m'a dit qu'il voulait devenir un avocat spécialisé en litige, dit-il. Je ne savais même pas ce qu'était le litige! Quand on m'a demandé ce que je voulais faire, j'ai répondu que je voulais seulement obtenir mon diplôme.»

Il trimera dur durant ses trois ans à Harvard, dont il conserve encore aujourd'hui de mauvais souvenirs. «Je n'ai pas aimé mes études en droit, dit-il. À mon avis, Harvard rend les études de droit beaucoup trop intimidantes.»

Admis au Barreau du Massachusetts en 1981, Brian Burke mène la vie typique d'un jeune avocat. À une exception près: il représente quelques joueurs de la LNH, dont Brett Hull.

«J'ai trouvé que le travail d'agent était un excellent moyen d'apprendre comment gérer une équipe de hockey, dit-il. Comme agent, on voit comment les équipes de nos clients opèrent. Et dans la vie, il y a toujours une bonne et une mauvaise façon de faire n'importe quoi.»

Après six ans comme avocat, Brian Burke entre au service des Canucks de Vancouver comme directeur des opérations hockey. Il roulera sa bosse dans la LNH pendant 20 ans avant de gagner pour la première fois la Coupe Stanley comme grand patron à Anaheim le printemps dernier. Auparavant, il a occupé le fauteuil de directeur général à Hartford et à Vancouver.

Toujours membre du Barreau du Massachusetts, Brian Burke pourrait retourner à la pratique du droit après sa carrière dans la LNH. Il n'en a toutefois pas envie.

«J'aimais pratiquer le droit, mais si je devais quitter le hockey, j'irais enseigner le droit à l'université et j'essaierais d'obtenir un poste d'analyste à TSN», dit-il.