C'est presque devenu un classique. À l'automne, l'hôtel-motel Central de Saint-Michel-des-Saints fait venir des danseurs nus pour remonter le moral des femmes qui ont vu leur homme partir à la chasse.

C'est presque devenu un classique. À l'automne, l'hôtel-motel Central de Saint-Michel-des-Saints fait venir des danseurs nus pour remonter le moral des femmes qui ont vu leur homme partir à la chasse.

Cette année ne fait pas exception. Comme le dit la publicité, le «beau gibier à deux pattes» sera présent. «Laissez vos fusils à la maison, poursuit la pub, mais sortez vos décolletés.»

Outre les danseurs, l'hôtelier a toutefois dû mettre le holà à bien des projets. «Je voulais ajouter 12 chambres sur les 32 qu'on a actuellement, explique Martin Benoit. On parlait aussi d'agrandir la salle à manger. Mais on attend que ça redécolle.»

La première année de la fermeture de la scierie, il s'en n'est pas trop mal tiré, comme si ses clients avaient continué à dépenser en attendant la réouverture de la Louisiana Pacific. La dernière année a été plus pénible. Son chiffre d'affaires a baissé «de 20 ou 25%». «Les plans pour le motel sont là. Une chance qu'on n'a rien fait, on aurait été dans la misère.»

Le motel, qui emploie une quarantaine de personnes, n'est pas le seul à subir les contrecoups de la fermeture de Louisiana Pacific à Saint-Michel-des-Saints. Même la maison des jeunes en ressent les effets concrets : il y a plus d'adolescents qui se pointent. «Les jeunes se disent : tant qu'à être poignés chez nous avec le bonhomme et la mère qui s'engueulent tout le temps, aussi bien venir ici.»

Un autre endroit où les choses roulent plus vite, c'est à la banque alimentaire. Toutes les semaines, une soixantaine de familles viennent chercher une boîte de nourriture. C'est une vingtaine de plus que par le passé. «Les bonnes semaines, c'est quand on a du lait et des oeufs», explique Robert Hartman, un de ceux qui distribuent les boîtes de 50 livres.

Dans ce coin de pays où les travailleurs de la scierie gagnaient un salaire supérieur à la moyenne, des hommes fiers comme Gilles Loyer ne s'y sont pas présentés. «Moi, je n'y vais pas, ça me gêne», dit-il.