Ce n'est pas une période de grands profits qui attend l'industrie aérienne canadienne malgré la forte demande, les taux d'occupation records des vols et la modernisation de flottes.

Ce n'est pas une période de grands profits qui attend l'industrie aérienne canadienne malgré la forte demande, les taux d'occupation records des vols et la modernisation de flottes.

C'est ce que dit que dit le Conference Board avec la publication mercredi d'un rapport signé par Alexander Fritsche et Michael Burt. Le document est intitulé Canada's Air Transportation Industry - Winter 2008.

Les coûts grandissants pour les salaires et l'investissement ralentissent la rentabilité des transporteurs alors que la vive concurrence les empêche de refiler la facture aux consommateurs. Résultat: les profits se contractent.

En 2007, l'industrie a enregistré une hausse de revenus de 7,8% à 15,25 G$ mais ses profits ont tombé de 94% à 13 M$. Les coûts d'exploitation ont grimpé de 9,3% à 15,23 G$.

Le Conference Board prévoit que pour 2008, les revenus devraient augmenter de 7% à 16,3 G$ mais les profits devraient se limiter à 150 M$. Les coûts doivent augmenter d'environ 6,1% à 16,17 G$.

C'est seulement en 2009 que les profits devraient s'élever à 460 M$.

Le Conference Board estime dans son rapport que les entreprises réagissent à la situation en simplifiant leur exploitation et en faisant voler des avions plus remplis qu'auparavant.

L'organisme souligne qu'Air Canada et WestJet ont maintenu le taux d'occupation des sièges à plus de 80% en moyenne en 2007.

Les taux d'occupation montent en partie parce que la demande réelle pour les vols a monté de 7,3% l'an dernier. Avec la force de leur dollar, les Canadiens voyagent davantage qu'auparavant, leurs déplacements montant de 6% vers les États-Unis et de 9,9% vers les autres pays.

«Étant donné que plusieurs de ces voyages se font avec des transporteurs canadiens, l'industrie profite de cette demande, écrivent Alexander Fritsche et Micahel Burt. De l'autre côté de la médaille, le dollar fort décourage les voyages à partir des autres pays vers le Canada, réduisant de ce fait les dépenses étrangères pour les déplacements sur les vols opérés par les transporteurs canadiens.»

Un autre effet du dollar fort est d'avoir fait augmenter les coûts ces dernières années. Les dépenses des compagnies pour des appareils, des moteurs et des pièces ont augmenté avec leurs investissements.

Un autre facteur qui explique la popularité des vols se trouve dans ce que le Conference Board qualifie de transition démographique. Une première cohorte de baby boomers a atteint l'âge de 55 ans en 2001.

«C'est important, écrit l'organisme, car ceux qui sont âgés de 55 à 70 ans sont considérés dans leurs meilleures années de voyage. Les gens de ce groupe d'âge ont tendance à quitter le nid. Ils ont progressé dans leurs carrières et ont donc tendance à avoir les moyens financiers de voyager. Ils ont le temps de le faire, ils sont en santé et veulent expérimenter tant au Canada que dans le monde.»

De plus, la rentabilité des entreprises canadiennes devrait afficher une belle croissance lors des deux prochaines années. Ce qui fait penser aux auteurs du rapport que les budgets et dépenses corporatifs de voyage devrait continuer à s'accroître.

Les consommateurs auront aussi leur rôle à jouer pour améliorer le sort de l'industrie, selon le rapport. «La croissance solide de l'emploi et le marché serré du travail devraient assurer une forte hausse des revenus, même en l'absence de réductions d'impôt. Les dépenses solides des consommateurs devraient continuer à être le moteur de l'industrie aérienne.»

Mais les transporteurs seront-ils encore sous pression en raison des coûts ?

«La bonne nouvelle est que l'industrie devrait être soulagée des prix élevés du pétrole, écrivent MM. Fritsche et Burt. C'est vrai qu'il y a des fluctuations, particulièrement pendant les périodes d'instabilité géopolitique.»

«Mais même quand ces facteurs sont comptabilisés, ajoutent-ils, les prix du pétrole semblent trop élevés étant donné les fondamentaux de l'offre et de la demande. Les prix devraient chuter au cours de l'année et atteindre 78 $ US le baril au début de 2009.»